Pour que France 2 renonce à son projet de téléfilm romanesque sur fond d'attentat au Bataclan

Pour que France 2 renonce à son projet de téléfilm romanesque sur fond d'attentat au Bataclan

Le 13 novembre 2015, mon compagnon David, le père de mes deux enfants, perdait la vie sous les balles des terroristes, juste à l'entrée du bataclan.
Comme lui, ce soir-là, des femmes et des hommes ont trouvé la mort ; d'autres ont été blessés à jamais dans leur chair comme dans leur esprit. Deux ans après, nos plaies sont encore à vif, nos chagrins sont immenses, nos vies sont meurtries.
Aujourd'hui, nous apprenons qu'un tournage est en cours pour un téléfilm diffusé sur France 2. Le scénario présenté ? Une romance amoureuse entre deux personnes qui naît au cours de cette terrible nuit du 13 au 14 novembre alors qu'elles cachent des blessés.
Ce projet nous blesse, nous heurte, nous choque… Nous sommes scandalisés qu'un tel projet audiovisuel puisse voir le jour si peu de temps après cet événement aussi violent.
Quel intérêt pour nous, familles endeuillées, victimes et proches de victimes, de revivre ainsi cet événement dans le cadre d'un téléfilm ? Pensez-vous réellement que ce projet est de nature à rendre hommage à nos morts, à nos chers disparus ? Souhaitez-vous que l'on vous raconte la nuit d'horreur que nous avons vécue entre le 13 et le 14, bien loin de l'histoire d'amour que vous imaginez ?
Pour vivre notre deuil, nous avons besoin de silence, de pudeur, de dignité, de respect… et non d'une fiction romanesque destinée à réveiller l'audimat de votre chaîne de télévision. Ne pouvez-vous donc pas trouver d'autres sujets de fiction pour attirer vos téléspectateurs, sans raviver nos douleurs et notre deuil ? L'art peut certes avoir une fonction réparatrice et consolatrice, mais de grâce, n'osez pas, ici, nous parler de projet artistique.
Nous demandons à la direction de France 2 et à Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, de renoncer à ce projet trop douloureux, par respect pour nos douleurs, pour notre deuil, pour les personnes disparues et blessées. Par respect pour le service public de télévision.