TRIBUNE DES VICTIMES ET JUSTICIABLES SACRIFIÉS PAR NOTRE JUSTICE

TRIBUNE DES VICTIMES ET JUSTICIABLES SACRIFIÉS PAR NOTRE JUSTICE
TRIBUNE DES VICTIMES ET JUSTICIABLES SACRIFIÉS AINSI QUE DES CITOYENS CONCERNÉS PAR L'ÉTAT DE NOTRE JUSTICE
POUR SOUTENIR NOS JUGES, OBTENIR DES MOYENS ET RESTAURER UN ETAT DE DROIT FORT AFIN DE RETROUVER UNE JUSTICE DIGNE RENDUE DANS DES DÉLAIS RAISONNABLES.
Le moment est historique. Nous assistons enfin à un « Mee Too » Judiciaire. Nos magistrats, nos greffiers, nos avocats et nos professions judiciaires à bout de souffle sont finalement sortis de leur devoir de réserve et ont pris l’initiative de libérer leur parole pour dénoncer, ce que dénoncent déjà de longue date les victimes sacrifiées par notre institution judiciaire, à savoir une justice appauvrie, déshumanisée et en perte de sens.
Il aura fallu attendre l’inacceptable perte d’un des leurs pour que nos magistrats, de nature enthousiaste, impliquée et persévérante nous expliquent qu’ils ne parviennent plus à rendre une justice de qualité.
Ils prennent enfin la parole pour nous alerter sur la dureté des conditions d’exercice de leurs fonctions.
Leur cri de détresse retentissant se fait l’écho de celui des familles de victimes de la criminalité trop longtemps passé sous silence.
Nous saluons le courage qu’ils ont eu de prendre leur plume pour dénoncer les conditions de travail dégradées qu’ils affrontent jour après jour.
Car même avec les meilleures intentions, le manque de moyens et de considération les contraignent, bien malgré eux, à maltraiter les justiciables en priorisant des dossiers au détriment d’autres.
Ou bien encore en prenant des décisions de classement sans suite sur des bases précaires, tel qu’un compte rendu téléphonique succinct qu’ils n’ont pas eu le temps de lire et d’exploiter à bon escient.
Ce sont les justiciables, les victimes et les familles de victimes d’assassinats qui en paient malheureusement les frais.
Ainsi par exemple, Madame M, âgé de 80 ans et dont le fils a été assassiné en 2016 n’a jamais rencontré aucun magistrat instructeur. Plus grave encore, alors qu’une commission rogatoire dresse une liste de personnes présumées impliquées dans ce crime, le dossier est laissé en souffrance depuis 5 ans, contraignant Madame M et sa famille à voir se pavaner devant eux en toute tranquillité les assassins présumés de leur fils, frère et oncle. Au regard de cet état de fait, comment contredire Madame M lorsqu’avec désespérance elle clame : « la justice elle s’en fout de nous, on ne les intéresse pas ».
Il en va pareillement pour Madame S dont le fils âgé de 22 ans a été assassiné dans un lieu public et très animé. Elle est sous la menace d’un classement sans suite en l’absence d’éléments. Ceci alors même que toutes les vidéos de surveillance du lieu du crime n’ont pas été exploitées comme elles le mériteraient au regard de la gravité des faits.
Là encore, comment contredire Madame S lorsqu’elle nous confesse : « nous sommes abandonnés à notre sort ».
Ou bien encore de Madame N dont le frère a été assassiné depuis plus d’un an et qui est à ce jour mise à l’écart du dossier, ignorant même si l’enquête suit son court
Le pire c’est que toutes ces familles ont vu les photographies et vidéos des assassinats de leur proche, librement diffusées sur les réseaux sociaux et la presse sans que la justice ne prenne l’initiative de se saisir de ce phénomène dans l’intérêt des familles et le respect des défunts.
Les exemples en ce sens sont malheureusement trop nombreux et ne touchent pas uniquement les familles de victimes de la criminalité.
Sont également concernés l’ensemble de nos concitoyens en attente d’une décision sur le plan civil, sur le plan commercial ou bien encore sur le plan prud'homal.
Songez à ces enfants que l’un des parents a soustrait au droit de visite de l’autre et pour lesquels il s’écoule plusieurs années avant d’obtenir une décision exécutoire permettant de reconstruire un lien parental !
Songez à ce justiciable qui attend de voir son trouble de voisinage tranché par la justice pour retrouver une quiétude de vie !
Songez à ce salarié ou cet employeur qui doit attendre plusieurs années avant qu'une décision définitive intervienne dans le cadre d'un contentieux relative au droit du travail !
Songez à ces commerçants qui doivent attendre des mois de procédure pour obtenir un jugement leur permettant d’être payés !
Cette décadence de notre justice place des familles entières dans des situations de détresses irréversibles et fait reculer, un peu plus chaque jour, notre état de droit.
Visiblement notre gouvernement ne prend pas la pleine mesure de cette situation.
Notre Garde des Sceaux reste convaincu d’être parvenu à sortir notre justice de son état de nécessité par l’octroi d’un budget sans précédent, objectant que la phase de réparation est terminée.
Pourtant, comme le relève le rapport de la commission européenne pour l’efficacité de la justice de 2021, la France reste à la traîne avec 10,4 juges pour 100 000 habitants alors que la moyenne européenne s'établit à 21,4 % et 3 magistrats du parquet pour 100 000 habitants alors que la moyenne européenne s'établit à 12,13 %.
Désormais, il se cache derrière la nécessité d’attendre le résultat de la concertation opérée dans le cadre des états généraux de la justice pour entreprendre une réforme aux fins de la moderniser et de restaurer de la confiance.
L’expression du désarroi du monde judiciaire ne permet plus de leurrer les victimes et leurs proches et ou de manière plus globale, les justiciables qui sont trop souvent sacrifiés par une institution en manque de moyens.
L’heure est grave et il devient extrêmement urgent d’agir par des mesures fortes.
- Parce qu’il n’est plus le temps d’attendre ;
- Parce que notre Garde des Sceaux Monsieur Eric Dupont MORETTI s’accorde à dire que dans le pays des Droits de l’Homme qu’est la France, ce qui est insupportable c’est que la justice soit refusée par manque de moyens ;
- Parce qu’il n’est plus acceptable de laisser en souffrance des victimes mises à l’écart par notre justice en dénuement ;
- Parce que nous voulons d’une justice qui agit avec rigueur mais qui prend aussi le temps d’écouter ses victimes et ses plaignants ;
- Parce que nous voulons d’une justice triomphante, effective et efficace ;
- Parce qu’il n’y a pas de fatalité ;
- Et parce que nous nous devons d’être solidaires envers le corps judiciaire.
Des familles de victimes d’assassinats sur Marseille entendent par la présente apporter leur soutien à nos magistrats qui luttent quotidiennement et s’associent à leurs demandes d’octroi de moyens humains et matériels et ceci afin d’aboutir à un traitement prioritaire des affaires criminelles mais également des affaires courantes pour obtenir une justice digne rendue dans des délais raisonnables.
Nous invitons également toutes les victimes, tous les justiciables et plus généralement tous les citoyens qui se sentent concernés par l’état de notre justice en déshérence à se mobiliser à nos côtés pour soutenir nos juges, obtenir des moyens pour sauver notre justice et restaurer un état de droit digne en signant cette tribune.
Parce qu'il n'est pas acceptable que des justiciables et victimes attendent plusieurs années pour obtenir une décision de justice ou une réponse pénale, signez cette tribune pour exiger un plan d'urgence pour que des moyens soient déployés et que nous retrouvions une justice digne rendue dans des délais raisonnables.