Des travaux concertés pour préserver la qualité de vie à l'école Laurier

Des travaux concertés pour préserver la qualité de vie à l'école Laurier
Monsieur le Ministre,
Le 28 septembre 2021, le CSSDM et la direction de l'école Laurier ont annoncé lors d’une visioconférence la décision d'effectuer des rénovations importantes au sein de l'école Laurier aux quelque 500 familles concernées. Ces travaux non-urgents, d'après les propos tenus par les responsables du projet, consisteront essentiellement en des mises aux normes et maintien d’actifs. Aucune modernisation des locaux ou de la cour d’école, pourtant dans un état de décrépitude avancé, ne sont inclus dans le chantier de rénovation. Bien entendu, tous les parents sont heureux que leurs enfants puissent évoluer au sein d'une école respectant les normes sanitaires, mais ce qui aurait dû être une bonne nouvelle est devenu une source de préoccupation majeure pour les familles concernées.
Manquements au processus décisionnel
En effet, ces travaux vont engendrer des bouleversements importants, en délocalisant cette école de quartier à une distance de 2,8 km (largement en dehors de l’arrondissement) pendant une durée annoncée de deux années minimum à compter de la rentrée 2022. Un processus rigoureux d’évaluation des besoins et d’analyse de différents scénarios devrait précéder une décision aussi importante. Or, plusieurs éléments témoignent d’un manque clair de préparation, d’anticipation et de consultation des parties prenantes.
Un appel d’offres pour les services professionnels en ingénierie a été publié le 15 avril 2021 et mentionne déjà que « la CSSDM prévoit relocaliser les usagers pendant les travaux » (voir annexe 1). Un délai difficilement justifiable de cinq mois, du 15 avril 2021 au 28 septembre 2021 s’est écoulé entre le lancement de cet appel d’offre et la communication officielle faite aux parents. Cette période aurait pu être mise à profit pour évaluer les impacts du projet et divers scénarios de relocalisation. Or, une demande d’accès à l’information faite le 29 septembre 2021 auprès de la CSSDM a permis de constater qu’aucun dossier n’avait été constitué concernant la relocalisation de l’école Laurier, et qu’il n’existait donc aucune étude d’impact à ce moment-ci.
Alors que d’autres écoles du quartier ou de la CSSDM ont pu profiter de bonnes pratiques en mettant en place des processus d’évaluation et de consultation robustes, avec notamment la mise en place de comités de vigie et d’évaluation plusieurs années en amont des travaux (exemple de l’école FACE, qui sera ironiquement relocalisée à 500 mètres de l’école Laurier, voir annexe 2), aucune gouvernance n’a été mise en place pour faire le lien avec la communauté et pouvoir recueillir ses préoccupations.
Enfin, les élus municipaux et provinciaux représentant la population desservie par l’école Laurier nous ont assurés ne pas avoir été impliqués, ni même consultés, avant le mois de septembre 2021 dans le cadre de cette relocalisation et avoir été informés de cette initiative au même moment que les parents. Cela signifie que les partenaires locaux n’ont pas été utilisés pour favoriser une solution locale, alors que la raison d’être d’une école de quartier est justement de se trouver dans le quartier qu’elle dessert.
Des solutions inexistantes et l’illusion d’un processus de consultation
Il est inusité de voir une école avec un projet de déplacement de près de 500 élèves être incluse dans le PTRDI (plan triennal de répartition et de destination des immeubles, révisé annuellement) seulement un an avant la mise en route des travaux. Cette volonté d’agir vite se fait malheureusement au détriment des familles en ne laissant pas un délai raisonnable pour trouver des solutions optimales minimisant les impacts pour la communauté.
La modification de l’acte d’établissement nécessaire à l’adoption finale du PTRDI 2022-2025 ne peut se faire qu’après un processus de consultation avec le conseil d’établissement. Vous nous permettrez de douter de l’influence réelle que peut avoir cette consultation à venir du fait (1) du court délai restant d’ici la date prévue de délocalisation et (2) de la non-existence à l’heure actuelle d’une autre solution crédible de délocalisation. En effet, lors du conseil d’établissement du 8 novembre 2021, les intervenants du CSSDM ont présenté une soi-disante alternative, qui se traduirait par une localisation plus proche (2km) mais dans un bâtiment dans un état de vétusté plus avancé que celui de l’école Laurier, sans cour, sans gymnase et sans bibliothèque et ne permettant pas d’accueillir l’ensemble des élèves.
Dans cette même rencontre, il a été à nouveau déclaré que le transport scolaire représente un enjeu de taille du fait du manque de chauffeurs et qu’à l’heure actuelle, la CSSDM n’avait pu trouver de solution pour sécuriser ces services. Il a été spécifié que le coût de ce service, qui se chiffre à 1,5M$ pour la durée des travaux, va être un élément prépondérant dans le choix futur du lieux de service de garde (si choix il y a, car pour l’instant aucun bâtiment n’a encore été identifié), démontrant une fois de plus le manque de considération pour l’impact engendré sur la communauté de l’école Laurier. Vous conviendrez que le plan actuel et les solutions existantes sont loin d’être optimales à 10 mois de la rentrée des classes.
Des impacts majeurs pour les familles
Les impacts d’une telle relocalisation sont nombreux et aussi variés que peuvent l’être les profils des familles impactées. Voici une liste non exhaustive:
Enjeux sociaux et éducatifs
- Diminution de la qualité de vie des élèves et des familles du fait de l’ajout de temps de transport estimé à 1 h quotidienne pour les enfants et s’il n’y a pas de transport scolaire, à 2 h pour leurs parents;
- Fatigue et anxiété accrue des élèves ne leur permettant pas un apprentissage optimal;
- Impact sur la santé mentale des enfants et de leurs parents alors qu'on sort à peine de la pandémie (la population de Montréal a été la plus impactée au Québec).
- Perte d’un lieu de vie et de rassemblement favorisant l’esprit de quartier, la cohésion sociale et le sentiment d’appartenance communautaire;
- Perte potentielle d’une partie du personnel enseignant;
- Fuite d’une partie de la ''clientèle'' qui va chercher à se relocaliser dans une école alternative, privée ou à déménager;
- Impact sur les activités parascolaires;
- Difficultés particulières pour les enfants en garde partagée;
- Incertitudes quant aux services pour les enfants à besoins particuliers.
Enjeux logistiques
- Impact sur l’emploi du temps des familles en obligeant les enfants à quitter plus tôt pour le service de transport ou pour se rendre à un lieu nettement plus éloigné de leur domicile;
- Problèmes de fiabilité de service à prévoir par manque de conducteurs d’autobus et du fait de la circulation dense dans un milieu urbain;
- Impact environnemental des GES émis par les autobus scolaires et les parents choisissant d’amener leurs enfants en transport privé à l’école;
- Problématique pour les parents non motorisés (et ils sont majoritaires dans notre quartier central) s’ils récupèrent leurs enfants en urgence ou en dehors des horaires d'autobus scolaire;
- Impossibilité de récupérer les enfants pour le dîner;
- Le stationnement d'autobus ainsi que l’embarquement et débarquement des enfants en toute sécurité en milieu urbain requièrent des infrastructures qui n’existent probablement pas à l’heure actuelle et n’ont pas été planifiées.
Enjeux économiques
Si un service d’autobus scolaire n’est pas offert ou n’est pas adapté à la réalité des familles:
- Frais supplémentaires annuels de transport en commun de près de 2000 $ par famille pour amener par leurs propres moyens leur enfant dans un établissement ou un service de garde éloigné;
- Perte de productivité économique importante en augmentant significativement le temps de transport des parents;
Si un service par autobus est offert pour une relocalisation éloignée:
- Coûts de transport par autobus scolaire faramineux pour la collectivité (750,000 $ par année pour 10 autobus, soit un total de 1,5M$ pour la durée des travaux).
Nos requêtes
- Tous les éléments cités précédemment vont à l’encontre des bonnes pratiques en matière de planification de projets d’envergure ayant un impact social important. Le processus décisionnel suivi nous apparaît clairement déficient et ne permet pas de trouver des solutions adaptées aux besoins des élèves de l'école Laurier et de leurs familles.
Par conséquent, nous vous demandons de:
- CRÉER un comité de travail rassemblant la CSSDM, la SQI, la direction de l’école, les élus locaux et des représentants de parents afin de réévaluer les solutions existantes et trouver des alternatives locales;
- METTRE EN PLACE un processus de consultation impliquant les familles et les diverses parties prenantes et ayant une réelle influence sur les décisions prises;
- RÉÉVALUER la faisabilité d’une délocalisation pour la rentrée 2022 compte tenu des courts délais et du manque de solutions pour le transport et le service de garde;
- ALLOUER un budget supplémentaire pour la modernisation de l’école Laurier afin qu’au retour de la période de travaux les enfants puissent évoluer dans un environnement d’apprentissage non seulement remis aux normes, mais aussi amélioré et convenant aux besoins éducatifs des décennies futures.
Nous vous prions, Monsieur le Ministre, d’agréer l’expression de notre considération.
Le comité de parents “Mon école de quartier dans le quartier” (229 membres)