Pour une taxation des carburants des secteurs aérien et maritime

Pour une taxation des carburants des secteurs aérien et maritime
Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre,
Je souhaitais par le présent texte attirer votre attention sur une injustice : malgré le fait qu’ils soient parmi les plus gros pollueurs de la planète, les carburants des secteurs aérien et maritime sont totalement exonérés de taxes carbone.
Pour les automobilistes, on impose une taxe carbone en perpétuelle hausse visant soit disant à inciter les gens à changer leurs habitudes en terme de déplacements. Mais quelles réelles alternatives ont-ils ? Aucun véhicule avec une énergie "propre" ne peut aujourd’hui être produit en masse à un prix abordable. Les véhicules électriques, bien qu'ils n'émettent pas de gaz à l'utilisation (si on exclut la partie "production d'électricité") sont coûteux, gardent une autonomie insuffisante pour certains usages et la fabrication de leurs batteries n'est pas sans impact sur l'environnement si on veut être honnête intellectuellement. Bref il n'existe pas aujourd'hui de vraie alternative aux véhicules à moteurs thermiques pour la plupart des gens.
Dans les villes, les gens peuvent s'orienter vers les transports publics. Mais dans nos campagnes, aucun transport en commun n’offre d’alternative. Les habitants des territoires ruraux, déjà de plus en plus souvent privés de Services Publics de proximité, vont à nouveau être handicapés par ces hausses de carburants. C’est la célèbre "double peine" de ruralité... Avant d’imposer ces taxes, ne faudrait-il pas créer de réelles alternatives au préalable?
Comment financer alors la transition écologique indispensable sans taxer toujours plus les seuls automobilistes?
Les carburants des secteurs aérien et maritime, non taxés pour le moment mais très polluants, devraient contribuer à financer la Révolution Verte qu’il faut mener alors qu'ils n’y contribuent pas du tout. En effet, il est plus logique de taxer des gens qui font le choix de faire une croisière ou de partir en voyage en avion, ou des industriels qui choisissent de faire fabriquer des biens de consommation à l'autre bout du monde, plutôt que des gens qui doivent prendre leur voiture tous les matins parce qu'elles n'ont pas d'autre choix. Est-il normal de payer 70% de taxes lorsque l’on fait le plein pour aller travailler et rien du tout lorsque l’on part en paquebot polluer la Méditerranée ?
Cette mesure aurait en plus un rôle de régulateur de la mondialisation galopante en renchérissant de manière automatique les produits ayant fait des milliers de kilomètres pour arriver jusqu'aux consommateurs que nous sommes. Est-il normal de trouver dans nos supermarchés des pommes d'Amérique du Sud moins chères que les pommes françaises...? Qu'en serait-il si le coût des transports de ces produits sur des milliers de kilomètres par bateaux et avions étaient bien plus élevés? Il est anormal que la mondialisation nous conduise à de telles aberrations écologiques. Si on veut réellement protéger la planète, n'est-ce pas ces millions de kilomètres de transports qu'il faudrait limiter en priorité?
La taxation des transports maritimes et aérien permettra de remettre une certaine justice écologique dans notre économie. Elle permettra à terme à nos entreprises, à nos agriculteurs, nos artisans de pouvoir mieux lutter contre la mondialisation et de vivre dignement de leur travail sans les aides de l'état. Les rentrées d'argent générées aideront à financer la révolution écologique qu'il nous faut dès à présent amorcer.
Plus largement, tant que la puissante OMC prônera un commerce déraisonnablement mondialisé et libéral, espère-t-on réellement voir les choses changer en terme d'écologie mondiale? A quoi servent ces COP annuelles qui aboutissent systématiquement à des déclarations de bonnes intentions sans mesures concrètes?
Aussi, fort de cette analyse, je vous demande solennellement, Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, en mon nom et en celui des signataires de ce texte, de bien vouloir étudier en urgence la taxation des carburants des secteurs aérien et maritime. Cette dernière devrait pour être efficace être idéalement mondiale, a minima européenne. Faute d'accord, il me semble que, même isolée, si la France veut continuer à se prétendre leader en terme d'écologie, elle ne pourrait faire autrement à défaut que de montrer l'exemple...
Je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le Président, l’expression de mes salutations distinguées.
Stéphane CLAEYS