Pour un plan de formation dans les écoles militaires sur les violences sexuelles
Pour un plan de formation dans les écoles militaires sur les violences sexuelles
Pourquoi cette pétition est importante

Monsieur le Président de la République,
C’est avec beaucoup de respect pour votre fonction, et pour vous en tant qu’homme, que nous nous permettons de vous écrire aujourd’hui. Votre prédécesseur n’a malheureusement pas répondu à nos appels. A l’appel de plus de 250 000 citoyens qui vous demandent une mesure simple à mettre en place, efficace. Une mesure de lutte contre les violences sexuelles en conflit armé, un fléau majeur qui en dit beaucoup sur l’état de notre société.
Nous sommes une équipe de trois documentaristes et nous avons initié ensemble le projet ZERO IMPUNITY pour lutter contre l’impunité des violences sexuelles en conflit. Nous avons ainsi l'honneur de nous adresser à vous et de solliciter votre pouvoir d'intervention pour une situation dramatique qui concerne de nombreuses femmes et enfants victimes des violences sexuelles de certains de nos soldats en mission à l’étranger. Nous sommes déjà plus de 250 000 citoyens à avoir signé la pétition et à s'être mobilisés pour demander des actions concrètes de prévention.
Cela fait maintenant 2 ans que les premières alertes ont été lancées. Vous vous souvenez certainement de celles d’Anders Kompass, fonctionnaire aux Nations Unies qui dénonçait l’impunité autour des accusations de violences sexuelles de soldats français lors de l’opération Sangaris en Centrafrique.
Désormais nous pouvons voir les non-lieux se succéder. C’est d’ailleurs avec colère et stupéfaction que nous avons appris le 3 janvier dernier par une dépêche de l’AFP, que la justice française avait décidé de classer l’affaire de la jeune Noëlla Pazoukou dont nous avons retracé l’histoire dans notre enquête « l’ADN de Sangaris » publiée par Médiapart et 8 autres media internationaux. Une procédure avait été ouverte contre X pour « viol commis par une personne abusant de l’autorité conférée par ses fonctions ». Ni la jeune fille, ni le Procureur de Bangui n’avaient été informés. Le parquet de Paris l’a annoncé aux médias seulement suite à la sortie de notre enquête. C’est évidemment inadmissible et nous restons persuadés que vous comprenez notre indignation.
Nous ne voulons pas remettre en cause l’indépendance de la justice et le principe de la séparation des pouvoirs. Nous ne cherchons pas à nous substituer à la Justice. Nous ne cherchons non plus pas à nous ériger en donneurs de leçons. Nous souhaitons très simplement trouver des solutions pour que ce genre de « dérapages » ne se reproduise plus à l’avenir et que les vies d’adolescentes, comme celles de Chimène ou de Noëlla, ne soient plus détruites par le comportement de quelques uns. Il faut éviter à tout prix de telles situations qui sont autant de bombes à retardement. Des situations qui par la colère, l'inégalité et l'indignation qu'elles génèrent sont un frein à la paix.
C’est ainsi avec beaucoup de bienveillance, beaucoup d’amour même que nous vous sollicitons aujourd’hui. Notre collectif pacifique souhaite ainsi avant tout amener le débat davantage dans la sphère de la formation que dans celui de la punition. Car nous croyons fermement à l’efficacité de l’éducation et la formation. Et c’est là tout l’objet de notre demande.
Nous, et les 250 000 citoyens qui nous soutiennent, vous demandons ainsi la mise en place d’un PLAN D'ACTION NATIONAL autour d’une mesure phare :
- Une politique de PRÉVENTION OBLIGATOIRE sur les violences sexuelles et leurs conséquences. Ces cycles de formation seront dispensés aux soldats du rang, dans les écoles d'officiers et de sous-officiers, par des associations spécialisées, extérieures à l’armée.
Nous nous remettons à votre bienveillance pour répondre favorablement à notre demande et organiser avec nous et les partenaires concernés, les bases d’une discussion, d’un échange qui nous permettra de trouver les solutions pour mettre fin à cette situation.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, à l'assurance de notre plus haute considération.
ZERO IMPUNITY