Un Dernier Cri contre la censure

Un Dernier Cri contre la censure

(English version below)
Je défends la liberté d’expression.
Je défends le travail de Pakito Bolino au Dernier Cri.
Je défends l'exposition qu'il a faite des artistes Stu Mead et Reinhard Scheibner.
Cette exposition a fermé ses portes le 27 août 2015 afin d’ouvrir une exposition à l’occasion d'Art-O-Rama à la Friche de la Belle de Mai de Marseille.
Ces artistes, l'exposition et la structure qui les a exposés se retrouvent accusés de faire l'éloge de la pédophilie ou de la zoophilie.
Le travail des artistes en question s'inscrit dans une tradition du dessin érotique, quasi fantastique et grotesque, avec une certaine dose de provocation et d'humour, comme c'est le cas de Reinhard Scheibner qui a longtemps dessiné ou peint des mises en scène de personnages en forme d'étrons dans des paysages divers. Stu Mead, quant à lui, à l'instar de Balthus accusé récemment de la même manière, peint des mises en scène d'enfants ou d'adolescent/es dans des situations ambiguës. On peut se rappeler également les sculptures d'Hans Bellmer dans une thématique similaire.
Ceci est de la peinture, ou de l'illustration, du dessin, de l'art. Il est du droit de chacun d'aimer ou ne pas aimer. En outre, il est du devoir de chacun de se rappeler la liberté d'expression régulièrement mise à mal, qu'on aime ou non les œuvres, que ce soit de McCarthy, d'Anish Kapoor, de Balthus, de Klossowski ou de Bellmer. Mais il est surtout du devoir de chacun, respectant cette liberté, de comprendre que ce qui se présente comme art n'est pas et ne sera jamais la réalité mais de la FICTION, aussi réalistes soient les représentations, images, peintures, sculptures, films ou pièces de théâtre présentées au public.
Aucune fiction ne peut se prévaloir ainsi de faire l'"éloge" de quoi que ce soit, et surtout pas des crimes et délits ici pointés du doigt ("pédopornographique", "zoophile", "satanisme"). Jamais. Les "personnages", figures d'une représentation peuvent, eux, elles, faire l'éloge de ce qu'ils veulent, ce sont des figures de papier, de toile, de plâtre, de marbre ou de bronze mais l'œuvre qui les met en scène et l'artiste qui a choisi son médium ne peuvent être accusés des paroles ou des actes prononcées ou réalisés par ces figures de fiction.
L'art est fiction.
L'art est fictionalisation.
Encore. Toujours et à jamais.
Les œuvres de Stu Mead ou Reinhard Scheibner ne sont ni des reportages ni des documentaires ni des témoignages d'aucune réalité, hormis, peut-être, et le peut-être est fondamental, d'une réalité mentale, fantasmée, voire de rêves ou de cauchemars. C'est leur droit le plus strict. Mieux encore, c'est le seul endroit de toutes les activités humaines où l'on peut exprimer des choses qui, ailleurs, dans la réalité, pourraient être jugées sous le régime de la morale ou de la Loi. L'art n'est simplement PAS la réalité. Partant de là, il n'y a ni offense ni délit ni crime d'aucune sorte. Prêter aux artistes ou aux œuvres le premier degré des mises en scènes fictives qu'ils présentent c'est, au mieux, faire un contresens et, au pire, faire dans la diffamation, la calomnie voire l'atteinte à la vie privée.
Dans les accusations qui sont faites des artistes en question, de la structure qui les exposa et de leur responsable, il y a calomnie, diffamation, atteinte à la vie et à la liberté d'expression, droit fondamental.
Les œuvres ont le droit de plaire ou non. Les artistes ont le droit de nous paraître aimables ou non. Nous avons le droit d'être enthousiasmés ou choqués. Mais nous n'avons pas le droit d'interdire leur expression, leur diffusion, leur exposition, pas le droit de les censurer.
L'art, ce n'est pas fait pour faire plaisir à une minorité ni une majorité. Il a ses propres règles.
Soutenons Pakito Bolino et le Dernier Cri. C'est un devoir.
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One last clamour against censorship.
I support the freedom of expression.
I support Pakito Bolino and Le Dernier Cri.
I support his exhibit of the artists Stu Mead and Reinhard Scheibner.
This exhibition has been closed down the 27th of august 2015 in order to organize an exhibition for the Art-O-Rama event, at the Friche de la Belle de Mai, in Marseilles.
These artists, this exhibition and the structure who invited them have been accused of praising paedophilia and zoophilia.
The work of the artists concerned follows a long tradition of erotic, fantastic and grotesque art, with a certain amount of provocation and humor, especially regarding Reinhard Scheibner, who has been, for a long time, creating paintings and drawings of characters shaped as excrements, taking life in a variety of landscapes.
Whereas Stu Mead, just like Balthus who has also been recently similarly condemned, paints scenes of children or of teenagers in ambiguous circumstances. We can recall a similar topic in the sculptures of Hans Bellmer.
This is painting, illustration, drawing, art. It is everybody's right to love it or not. Moreover, it is everybody's duty to remember the right to the freedom of expression, whether one likes or dislikes the work of arts, be it the art McCarthy, Anish Kapoor, Balthus, Klossowski or Bellmer.
It is most of all everybody's duty, in respect of this freedom, to understand that what is shown as art is not and will never be reality but is merely FICTION, even thought the depictions, pictures, paintings, sculpture, movies or the theatre plays shown at the public may seem realistic.
No fiction can ever prevail itself to "praise" anything, and certainly not the crimes and offences that are here pointed out ("child pornography", "zoophilia", "satanism"). Never. The "characters", figures of a presentation, can do the eulogy of whatever they want, they are features made out of paper, canvasses, plaster, marble or bronze, and the artwork or the artist who chooses his own medium cannot be accused because of the speech or the actions made by these fiction figures.
Art is fiction.
Art is fictionalisation.
Once again. For ever and ever.
The art of Stu Mead and Reinhard Scheibner is neither a report nor a documentary of a reality, except, maybe, and this "maybe" is essential, of a mental, fantasised reality, not to speak about dreams or nightmare. They have every right to be so. Better yet, it is the only human activity were one can talk about things of which, in the real world, can be sentenced by moral code or by Law.
Art is simply NOT reality. Starting from this, there are here no offences nor crimes, in any sort. To think that the artist or his work supports the imaginary scenes that they describe is, to say the least, quite a misinterpretation, and, to say the worst, can be understood as defamation, slander, if not as an invasion of privacy.
For the accusations made against the concerned artists and against the structure that made the exhibition are slander, defamation, invasion of personal life and infringement on freedom of expression, which is a fundamental right.
Artwork has the right to please or not. The artists have the right to appear loveable or not. We have the right to be thrilled or shocked. But we do not have the right to refrain their expression, their diffusion, their exhibits, we cannot censor them. Art is not made to please a minority or a majority. It has its own rules.
Let's support Pakito Bolino and Le Dernier Cri. We owe it.