M. Macron, trop de réfugiés meurent en mer. Agissez !
M. Macron, trop de réfugiés meurent en mer. Agissez !
Monsieur Macron,
Vous êtes désormais notre nouveau president et je voudrais profiter de l’occasion de la journée mondiale des réfugiés du 20 juin pour vous adresser personnellement ces quelques lignes.
Nous avons tous encore en mémoire les images des corps de ces enfants de réfugiés échoués sur nos plages. Cette sueur froide et l'envie immédiate d'effacer cela de notre mémoire.
En tant que parents, nous avons tous frissonné d'effroi, imaginant recroquevillé dans le sable, notre propre enfant, d'un an, de deux ans, de quatre ans et demi lui aussi… La projection, devenait d'un seul coup évidente, aveuglante, comme un plein phare sur un axe autoroutier. La colère, le chagrin profond, l'irrépressible besoin de hurler que c'est insoutenable.
Le temps passe et nous sommes happés par d'autres choses, les élections, notre devoir d'accueil confronté à ses horreurs et ses impasses, les élans de solidarité aussi.
A propos de l’accueil , je me permets d’ouvrir ici une parenthèse pour vous inviter à regarder le magnifique film Les enfants de la Jungle qui montre à quel point la France a laissé, livrés à eux même, plus de deux milles mineurs entre 6 et 16 ans dans un immense désarroi et face à une violence inimaginable, contredisant ainsi ses propres lois et ses principes fondamentaux.
Je ferme ma parenthèse et je reviens aux bateaux. Face à cela, donc, on finirait presque par croire que ces radeaux de fortune appartiennent au passé et que le problème est réglé. Mais vous le savez mieux que moi, les canots continuent de prendre la mer… et ils la prendront de plus en plus. Les dérèglements climatiques s'additionneront aux guerres, aux dictatures et aux difficultés économiques.
Le 20 juin, journée mondiale des réfugiés, je vais initier une action citoyenne symbolique en hommage au plus de
10 000 migrants morts en mer depuis moins de trois ans. Chaque citoyen sera appelé à fabriquer un bateau de papier en vue d’un lâcher sur le canal de l’Ourcq. Des milliers d’origamis pour des milliers de noyés.
En ne faisant rien de déterminant pour protéger ces populations des passages mortuaires, n'est ce pas cela finalement que nous leur proposons depuis des années maintenant : se fabriquer un petit bateau de fortune qui se désagrègera certainement au contact de l'eau, leur laissant ainsi une chance infime de rejoindre les côtes…
Le cynisme glaçant dirait : comme cela on évite au moins qu'il soient encore plus nombreux à nos frontières.
Je refuse de croire qu'on puisse être dans un tel calcul ou alors l'humanité a définitivement perdu toute habilité à survivre et il faut en finir.
Je suis certaine que vous n’êtes pas homme à user d’un tel cynisme. C’est donc avec d’autant plus de force que je m’adresse à vous aujourd’hui :
Saisissez-vous de cette problématique. Faites de la question des départs en mer l’une de vos priorités. Le travail de sauvetage en mer est jusqu’à présent effectué essentiellement par des citoyens bénévoles (SOS Méditerranées par exemple). C’est pourtant avant tout le rôle de l’Etat.
Nous, signataires de la pétition, vous demandons de placer ce sujet au centre des préoccupations de l’Europe et de trouver les solutions qui s’imposent, aussi difficiles soient elles.
La France doit également apporter d'urgence des réponses à ces milliers d’enfants et jeunes isolés , abîmés, violés, perdus qui ont besoin de sa protection . Il ne s'agit pas juste d'un acte d'humanité, il s'agit ici du respect du droit français . La France est tenue de porter assistance aux mineurs isolés sur son territoire.
Pour conclure :
Au cours de mon travail d’écriture , je me suis concentrée ces dernières années sur une thématique :
Tel un galet sur l'eau, l'horreur de la guerre laisse derrière elle des traces indélébiles, des souffrances muettes, des gouffres insondables sur les êtres qui les vivent mais aussi sur les générations qui les suivent.
Je me pose plus que jamais une question aujourd’hui :
Quels soignants seront nous pour les générations futures ?
Notre responsabilité n'est elle pas immense pour préserver nos enfants d'une bombe à retardement ?
Ces enfants rationnés en lait dans les camps de réfugiés en Grèce, ceux qui ont vu leurs frères ou leurs soeurs morts sur le sable, ceux qui furent violentés à nos frontières ou dans notre pays…Quels adultes en colère seront-ils demain, quelles bombes humaines?
Nous sommes tous potentiellement un migrant, un réfugié qui un jour aura peut-être besoin d'une main tendue.
Nous l'avons été dans le passé. Nous le serons dans le futur.
Notre devoir d'humanité est au présent mais aussi tourné vers l'avenir.
Quel monde voulons-nous pour nos enfants demain ? Ne voulons nous pas tous préserver pour eux un monde viable, tenable,serein ?
Monsieur le Président quel soignant serez-vous pendant ce quinquennat?
Respectueusement,
Emily Loizeau
Auteure-compositrice-interprète