Cette pétition s’adresse à tous les lycéens et lycéennes de France, ainsi qu’aux différents acteurs de l’Éducation Nationale.

Nous sommes un groupe d’élèves du lycée Gaston Bachelard (à Chelles, en Seine-et-Marne) et nous aimerions que les inégalités, les injustices que nous subissons mais que beaucoup d’autres lycéen·ne·s subissent également prennent davantage de place dans les débats politiques.

Aujourd’hui, nous demeurons très préoccupé·e·s quand aux réformes du lycée menées par le gouvernement d’Emmanuel Macron. Nous remettons notamment en question le système d’orientation post-bac ParcourSup et la réforme du baccalauréat à venir.

Concernant ParcourSup :

L’instauration du programme d’orientation post-bac est effective depuis l’année dernière, et elle a montré diverses lacunes et limites. Les réponses des membres de l’exécutif sont restées bien trop vagues à ce sujet. les mesures pour améliorer ce système se font attendre, si bien que nous restons sceptiques quant à l’efficacité de ParcourSup.

Il est vrai que le précédent système d’orientation post-bac était le comble de l’absurdité, le tirage au sort parmi les postulants n’ayant créé que de profondes injustices à défaut de corriger le problème du manque de places dans les établissements. Ainsi, il a été préféré de recourir à une sélection pour départager les candidats aux études. Cependant, la sélection pose de nouvelles problématiques.

En effet, les universités ont la capacité de choisir leurs futurs étudiants dans la masse des bacheliers, selon leurs propres critères. Ces mêmes critères concernent par exemple la distance séparant le domicile de l’étudiant à l’université, mais ils peuvent être plus vicieux. Ainsi, les universités préféreront piocher des élèves provenant de lycées bien cotés plutôt que d’établissements placés en Zone d’éducation prioritaire, alors qu’ils et elles ont un mérite équivalent.

De même, l’une des conséquences de cette sélection est la création d’une compétition entre les lycéens pour obtenir leur vœu d’orientation. Le rôle des professeurs de lycée serait donc de former les élèves à l’excellence, du moins une excellence conforme aux exactions de ce système scolaire. Un véritable brassage est alors mis en place, les bons éléments sont poussés à la perfection tandis qu’un élève en difficulté mais travailleur voit de nombreuses portes se fermer. De ce fait, les meilleures études, telles que les places dans les différentes écoles préparatoires, sont accordées aux lycéens les plus performants. Ils disposent alors d’une qualité d’enseignement supérieure, ce qui tend à amplifier les inégalités d’études.

Pour permettre à leurs enfants de profiter d’une qualité d’enseignement supérieure, certains parents n’hésitent plus à les placer dans des écoles privées. Néanmoins, ces études sont payantes et une grande partie des familles françaises n’a pas les moyens de contribuer à ce sectarisme qui ne dit pas son nom.

Nous croyons en l’école républicaine et en ses valeurs. Nous trouvons regrettable que ce symbole de la République soit en proie à une sélection élitiste. Où voyez-vous l’égalité dans un tel système, où voyez-vous la République ? Tout le monde devrait bénéficier du même intérêt de la part du système éducatif. Aucun travail, aucun chiffre ne devrait déterminer une quelconque “importance” d’un élève pour ses choix d’études ou dans la société en général.   

Concernant la réforme du baccalauréat :

La réforme du baccalauréat ne concerne pas tous les lycéens, mais elle s’appliquera dans deux ans, pour les élèves actuellement en classe de seconde. Mais nous sommes unis aujourd’hui contre ses injustices et nous refusons de croire qu’elle sera bénéfique pour les générations de lycéens à venir.

Un des points forts de cette réforme est la mise en place du contrôle continu pour le baccalauréat. Cela nous paraît profondément inégalitaire. Par exemple, une évaluation au lycée Louis le Grand et une évaluation au lycée Bachelard ne sont pas comparables. Beaucoup de facteurs peuvent influer sur le résultat de l’élève et de plus, un 18/20 dans un lycée de Seine-Saint-Denis sera beaucoup moins considéré qu’un 18/20 à Neuilly-sur-Seine. En effet, les établissements présents à Neuilly sont plus prestigieux et leur rang décerne plus de mérite, à note égale. Le baccalauréat n’est alors plus égalitaire dans tous les lycéens de France, il n’est plus national mais local. Le contrôle continu renforcera la volonté des universités de choisir des élèves par rapport au classement de leur lycée et non par rapport à leurs résultats ou au travail fourni.

Ce que nous proposons :

Nous souhaiterions que tout lycéen ayant obtenu son baccalauréat puisse continuer les études s’il le désire, et dans la voie qu’il veut. Pour cela, le recours à la sélection doit cesser, les portes des universités et des écoles supérieures doivent s’ouvrir à tous ! Le gouvernement doit aménager de nouvelles places et construire de nouveaux établissements dédiés aux études pour permettre aux bacheliers de suivre leurs études. Il doit aussi engager plus de professeurs pour palier au manque d’effectif et ne pas surcharger les salles de classe. La croissance démographique et la volonté d’émancipation de chaque étudiant l’obligent à agir.

Nous voudrions que le gouvernement remette en question sa réforme du baccalauréat, qu’il en conçoive les effets néfastes. Nous ne pouvons pas nous permettre d’accroître les inégalités alors qu’elles sont déjà conséquentes.

Nous aimerions que cette pétition soit vue des acteurs de l’Éducation Nationale. Nos revendications doivent être comprises et discutées, dans les plus hautes instances de l’État s’il le faut.

Et enfin, nous invitons les autres lycéens, mais également les autres enseignants, ou toute personne indignée de ce système à signer cette pétition et nous rejoindre dans notre lutte !