Dictateur Rahmon ! Arrêtez de la torturer et libérez immédiatement la journaliste tadjik!

Dictateur Rahmon ! Arrêtez de la torturer et libérez immédiatement la journaliste tadjik!
Почему эта петиция важна

Cette femme a un physique comparable à celui des stars du cinéma mondial. Simplement elle n’est pas née en Italie, en France ou aux États-Unis. Sa beauté intérieure est encore plus grande. Elle est connue dans son pays comme une personne simple, prête à apporter son aide à toute personne qui serait dans la peine.
Elle est née sur le Toit du monde, au Pamir, parmi les sommets majestueux recouverts de neige éternelle.
Elle est mère de trois enfants et grand-mère de plusieurs petits-enfants. Elle est de ces pacificateurs qui jettent un mouchoir blanc entre les belligérants et ceux-ci se retirent la tête basse. Mais elle n’a pas de chance avec sa patrie et le peuple qu’elle a toujours défendu.
Son nom est Ulfathonim Mamadshoeva, ou Ulfat pour tous ceux qui la connaissent.
Aujourd’hui, elle est torturée dans les caves du Comité national de sécurité de l’État tadjik. Elle est accusée pour un crime qu’elle n’a pas commis : celui d’avoir organisé un rassemblement le 16 mai 2022 dans la ville de Khorog, au Pamir, dans la région autonome de Gorno-Badakhshan, au Tadjikistan, et d’avoir appelé publiquement au renversement du gouvernement.
Le 18 mai 2022, elle a été arrêtée illégalement et après 6 jours de torture, elle a été contrainte de reconnaître sa culpabilité. Le 19 mai, elle a été inculpée en vertu du deuxième paragraphe de l’article 307 (appels publics au renversement violent de l'ordre constitutionnel de la République du Tadjikistan) du Code pénal du Tadjikistan. Elle risque une peine de prison de huit à quinze ans.
Pourquoi le régime démocratique légal d’Emomali Rakhmon, président du Tadjikistan depuis 30 a-t-il peur de cette femme libre et courageuse ? Pourquoi veulent-ils la mettre derrière les barreaux afin de la réduire au silence ? Les Talibans règnent-ils sur le Tadjikistan ?
Sa faute – et le danger qu’elle représente – est que, sans pouvoir ni argent, elle a gagné la confiance des gens. Aux yeux du pouvoir démocratique d’Emomali Rahmon et de son trop zélé chef du GKNB, Saimumin Yatimov, elle est coupable parce qu’une femme journaliste au Tadjikistan doit rester muette.
Peut-être est-ce parce que les populations autochtones du Pamir, dans le Badakhshan, qui jouxte la Chine, se dressant contre ce qu’ils estiment être une trahison, s’inquiètent sérieusement de la perte d’intégrité territoriale et de souveraineté du Tadjikistan due au commerce extérieur et aux relations économiques trop fructueuses d’Emomali Rahmon et de sa famille.
Ulfat a récemment été interviewée par le service tadjik de Radio Liberty et Real Time au sujet des atrocités commises à l’encontre de civils dans le Pamir, des assassinats restés impunis, de la discrimination à l’encontre des autochtones du Pamir et des demandes légitimes de la minorité nationale pamiri afin que le gouvernement central respecte les droits des citoyens et se conforme à la Constitution du Tadjikistan.
Mais quoi qu’ait dit Ulfat lors de ces interviews, les auditeurs n’ont jamais pu l’entendre, car les journalistes de Radio Liberty et de Real Time ont été attaqués par des agents de sécurité armés alors qu’ils sortaient de chez elle et leur matériel a été confisqué.
Lorsque plusieurs centaines de personnes sont descendues dans la rue à Khorog le 16 mai 2022 pour exiger la démission du chef de l’administration provinciale, Ulfat se trouvait à des centaines de kilomètres de là, à Douchanbé. Les manifestants à Khorogh ont exigé que les autorités enquêtent sur les exécutions extrajudiciaires et les fusillades de militants de la société civile au Badakhshan. Les coups de feu tirés en réponse ont fait des morts et des blessés.
Aucun moyen de communication, ni internet, ni téléphone entre la capitale tadjike et Khorog, car les autorités tadjikes maintiennent un blocus de l’information au Pamir depuis plus de six mois. Les autorités ne répondent pas à la question de savoir où et comment une journaliste aurait pu organiser depuis Douchanbé le rassemblement à Khorog et y lancer des appels dans ces conditions.
Le seul endroit où elle aurait pu lancer des « appels publics » est sa page Facebook. Mais n’importe qui peut constater leur absence. Personne n’a jamais entendu parler d’appels publics de la journaliste. À moins qu’ils aient été classés secrets avant même d’être mis en ligne ? Aucun des médias avec lesquels Ulfat a collaboré n’a relayé le moindre appel de sa part. Au contraire, voici ce qu’elle a déclaré à l’agence internationale Fergana le 17 mai, à la veille de son arrestation :
« Cette accusation est complètement absurde. Si j’avais organisé quoi que ce soit, j’aurais pris la tête du mouvement. J’étais récemment dans le Pamir, mais je suis à Douchanbé depuis plus d’une semaine, et je n’avais aucune idée de ce qui allait s’y passer. Au contraire, là-bas, j’avais remarqué un affaiblissement de l’activisme civique. Puis, du jour au lendemain, ça a soudainement repris. Je pense que cela s’est produit après l’annonce du verdict à l’encontre de Shorshanbé Chorshanbiyev ».
Après six jours d’interrogatoire, le 24 mai au soir, elle a été montrée sur la chaîne de télévision publique Tadjikistan dans un documentaire monté à la hâte, « Shikasti fitna » (« Complot raté »), dans lequel, hagarde, avec des marques à l’œil droit, elle bégayait en lisant un texte sur un prompteur. Le montage approximatif et les sautes d’intonation font également douter que la femme ait dit exactement ce qui a été finalement montré.
La journaliste tadjike et ancienne correspondante de la BBC à Douchanbé, Anora Sarkorova, a déclaré que les accusations à l’encontre de Mme Mamadshoeva pour avoir organisé des manifestations antigouvernementales étaient « non seulement des absurdités, mais un mensonge délibéré » :
« Tous ceux qui sont encore sous le choc du visionnage de ce film de propagande (...) doivent comprendre que les services de sécurité disposent de nombreux outils pour obtenir les aveux dont ils ont besoin. Outre la torture et les sévices physiques infligés aux détenus, les services de sécurité exercent un chantage en menaçant la vie de leurs enfants et de leurs proches. C’est pourquoi il n’est pas surprenant que des personnes entièrement innocentes se mettent à s’accuser et acceptent de raconter les histoires préparées à l’avance par le Comité d’État pour la sécurité nationale et le ministère de l’intérieur ».
La journaliste a indiqué qu’au cours de l’une de ses dernières « conversations préventives », un agent du Comité national de sécurité de l'État tadjik l’avait menacée de violer ses filles mineures. « Par conséquent, je ne suis pas personnellement surprise que la célèbre militante des droits de l’homme et journaliste Ulfatkhonim Mamadshoeva et le général du Comité d’État pour la sécurité nationale du Tadjikistan, Holbash Holbashov, se soient dénoncés et aient avoué des crimes qu’ils n’ont jamais commis et n’auraient jamais pu commettre. Les menaces portant sur la vie des proches est le moyen le plus efficace de contraindre des détenus », a déclaré Mme Sarkorova.
Ce film, réalisé par les services de sécurité tadjiks, accuse la journaliste indépendante de crimes graves qui n’existent nulle part dans le monde, ni même dans le code pénal tadjik : avoir perçu des honoraires et bénéficié de bourses, ou avoir eu des contacts avec des diplomates. Elle a également été contrainte de se repentir pour la mort de jeunes gens qu’elle n’a pas tués.
Toutes ces actions des services de sécurité du pays sont immorales. Elles n’ont rien à voir avec un État de droit et, au contraire, elles constituent une violation flagrante des fondements de l’ordre constitutionnel du Tadjikistan.
Par conséquent, nous, citoyens du Tadjikistan et d’autres pays, journalistes et militants des droits de l’homme, personnes de bonne volonté, exigeons que les autorités tadjikes libèrent immédiatement la journaliste Ulfathonim Mamadshoeva, car son arrestation est illégale et contraire avant tout à la Constitution du Tadjikistan qui
1) Garantit la protection des droits et libertés des citoyens, article 5 ;
2) Garantit la liberté d’expression et d’opinion, articles 8, 10, 14, 17, 30 ;
3) Garantit la présomption d’innocence : « Nul ne peut être présumé coupable d'une infraction jusqu'à ce qu’une sentence judiciaire entre en vigueur », article 20.
Nous notons également que les services de sécurité tadjiks ont grossièrement violé la disposition de la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants relative à l’interdiction des aveux obtenus sous la torture.
Nous appelons les organisations internationales de journalistes et de défense des droits de l’homme, les diplomates et les organismes internationaux influents à unir leurs efforts et à exercer toute l’influence possible sur les autorités tadjikes pour la libération immédiate de l’activiste et journaliste calomniée Ulfathonim Mamadshoeva !