« Je ne lâcherai pas ! » Jeudi 5 août 2021 et comme c’est régulièrement le cas depuis deux ans et demi, Kevin Bruneval, le patron du bar-restaurant dieppois Au bout là-bas, consacre sa journée au combat mené pour son ami Mamadou Diakité. Ce dernier, originaire de Bamako au Mali arrive en France en novembre 2015, à l’âge de 16 ans, après un épuisant périple de 21 mois. Il connaît les trajets en bus, en Zodiac, des mois à rester caché en forêt, une arrestation en Espagne, la vie dans un camp…

Après une nouvelle arrestation à Paris, il est pris en charge par l’ASE (aide sociale à l’enfance) de Seine-Maritime et transféré à Dieppe, en juillet 2016. « Ici j’ai reçu une formation pour devenir cuisinier, explique le jeune homme. J’ai effectué un stage au restaurant la Taverne du pirate, puis on m’a proposé un contrat d’apprentissage pour deux ans. » Mais au bout de huit mois, tout s’écroule : Mamadou Diakité atteint la majorité. Avec ce statut, il ne dépend plus de l’ASE et se retrouve en situation irrégulière. Il doit rompre son contrat, son cursus au CFA et reçoit, dans la foulée, une OQTF (obligation de quitter le territoire français) de la part de la préfecture.

Une pétition pour sensibiliser la population

S’ensuit alors de longues semaines à essayer de contrer cette décision. Tout en élaborant des dossiers pour prouver son intégration à Dieppe et obtenir des papiers, Mamadou s’investit en tant que bénévole aux Restos du cœur et dans deux autres associations de la cité d’Ango.

Kevin Bruneval rencontre le cuisinier lorsque celui-ci exerce à la Taverne du pirate, établissement voisin du sien. « On s’est tout de suite bien entendu et j’ai décidé de me battre à ses côtés : c’est tellement injuste qu’il ne puisse pas travailler. D’autant qu’il y a une pénurie de cuisinier en ce moment, c’est absurde ! Je n’attends qu’une chose : pouvoir employer Mamadou. », assure le Dieppois de 27 ans. Petit à petit, les deux hommes s’organisent : ils font appel à Me Cécile Madeline, avocate rouennaise spécialisée en droit des étrangers, font imprimer une pétition qui circulera dès vendredi 6 août 2021 dans la ville. Aujourd’hui, « nous en sommes au quatrième dossier. Les trois précédents ont été refusés mais on y croit. »