Je suis transgenre et j’ai fait un rêve …  
  
Je rêve qu’un jour les personnes transgenres ne soient plus perçues comme des victimes. Depuis quelques temps la communication autour des personnes transgenres s’est accélérée, désormais nous existons, nous devenons un phénomène de société, mais est-ce une bonne chose ? En effet dans les médias nous sommes sans cesse victimisé.e.s et nous n’inspirons que haine ou compassion. Trop souvent nous vivons dans la crainte et noircissons les colonnes des faits divers quand nous rougissons le bitume. Ainsi on peut lire avec effroi : « Jetée d’un pont dans la Garonne parce qu’elle était trans » ou encore « Un trans se suicide à cause du harcèlement scolaire », « une trans prise à partie en sortant du métro en marge d’une manifestation », et après vos vies reprennent leur cours sans que cela n’émeuve personne. Combien de mort faudra-t-il ? Se peut-il qu’à vos yeux nos vies aient si peu de valeur ? Je n’ose le croire.  
  
Des lois ont été mises en place pour punir sévèrement les personnes commettant des actes homophobes et transphobes, c’est bien ! Mais agir en amont pour que de pareils actes ne soient plus commis c’est mieux ! Puisque les lois ne suffisent plus, il est urgent que l’état montre l’exemple en incluant les personnes transgenres, qu’il cesse de nous invisibiliser, nous sommes aussi cuisiniers, ambulanciers, employés en EHPAD, médecins, conducteurs de bus ou profs de chimie. Nous sommes parmi vous, nous vous nourrissons, nous nous occupons de vos parents, nous vous soignons, nous vous transportons, nous vous instruisons. Ne rien faire, c’est laisser faire nos bourreaux.  
Alors j’en appelle au sursaut collectif ! Ce même sursaut qui nous a fait bondir quand la laïcité a subi des rafales au Bataclan, souvenez-vous, nous étions ensemble, nous aussi nous étions Paris. Ou bien le même élan qui nous a uni quand on a tenté de nuire à la liberté d’expression dans les locaux de Charlie Hebdo, encore une fois nous étions là, au milieu de la foule, ensemble nous étions Charlie. Ensuite nous avons aussi été Nice ou encore Samuel Paty. Alors, à quand un dernier sursaut, pour soutenir celles et ceux qui « meurent d’oser vivre » ? Il est pourtant bien question de liberté et de tolérance et de fraternité, des thèmes sur lesquels tout le monde s’accorde. Alors, Serez-vous avec nous, serez-vous transgenre ?  
  
Madame la secrétaire d’état, par la présente je vous demande d’agir sur l’inconscient collectif. En incluant les personnes transgenres dans la vie civile vous accélérerez leur inclusion et mettrez fin à notre stigmatisation. Ainsi en rendant visible les personnes transgenres, notre différence n’en serait plus une.  
Pourriez-vous s'il vous plait modifier les points suivants, lesquels ne coûtent pas grand-chose, et qui pour nous simplifieraient notre inclusion. Pour que la Liberté d’être soi soit possible, pour que l'égalité entre Femmes-hommes-transgenres devienne une réalité, pour que la fraternité entre TOUS les citoyens soit restaurée.  

• Suppression de l'obligation de renseigner son genre sur TOUTES demandes officielles, sur tous les formulaires d'inscription de contrat etc. (Nous rappelons que la civilité n'a rien de légale.)  
• Création d'une case supplémentaire concernant les civilités "alternatives", comme cela se pratique dans d'autres pays. (Sans toutefois revêtir une obligation de remplissage de celle-ci)  
• Suppression du genre mentionné sur les documents officiels, telle que la carte d'identité. En effet cela nous porte préjudice dans les actes de la vie quotidienne.
• Suppression sur la carte vitale du 1 ou du 2. (Ces chiffres ne devraient être visibles seulement par les professionnels de santé.) En effet pour les personnes entamant une transition, ces chiffres représentent une partie qu'ielles souhaitent oublier.  

  
En espérant que NOTRE demande rencontre votre compréhension et fasse encore avancer les choses en matière d’inclusion des personnes transgenres dans la société française. Merci de NOUS entendre et de permettre à ce rêve de devenir réalité.