On pouvait le craindre à entendre les différents discours prononcés lors de l'Assemblée des évêques français à Lourdes du 2 au 8 novembre dernier, cela estmanifeste aujourd'hui lorsque sont présentés les objectifs de l'Instance Nationale Indépendante de Reconnaissance et de Réparation (INIRR) des victimes d'abus sexuels dans l'Église catholique de France, les victimes adultes sont les grandes absentes. Or si la CIASE n'a pu parvenir à un chiffre comme cela a été le cas pour les victimes agressées durant leur minorité, quelques 150 pages du rapport final leur sont consacrées.

Certes le phénomène est plus complexe puisqu'il s'agit de personnes majeures, mais il n'en mérite pas moins reconnaissance, réparation et réflexion pour que cela ne se produise plus. Comme l'a souligné Jean-Marc Sauvé lors de la séance des questions après la remise du rapport le 5 octobre dernier, il s'agit d'agressions perpétrées par personnes ayant autorité (lors de la confession, de l'accompagnement spirituel, ou dans le cadre d'une vie communautaire). Il s'agit donc de reconnaître les phénomènes d'emprise caractérisés pardes abus spirituels en préalable aux agressions sexuelles qui ont suivis.

De la sorte, nous, adultes agressés sexuellement alors que nous étions en situation de vulnérabilité, nous demandons à être reconnus en tant que tel par les instances d'Église qui ont failli. Nous demandons à pouvoir entrer dans un processus de réparation qui débouchera sur un accompagnement et une prise en charge des soins (Motu proprio Vos estis lux mundi – Vous êtes la lumière du monde, du 7 Mai 2019) et nous demandons que soit institué un cadre permettant de faire toute la lumière sur les mécanismes communautaires à l'origine des agressionsdont nous avons été victimes et qui ont fracassé nos vies.

Etienne,Marie-Laure, Caroline et tous les autres