Ne supprimez pas le seul centre de diagnostic de l'autisme sans déficience intellectuelle accessible aux adultes en Belgique francophone !

Le Centre de Ressources Autisme de Liège (CRAL) est le seul habilité à diagnostiquer l’autisme chez l’adulte sans déficience intellectuelle en Belgique francophone  et d'assurer le suivi et l'accompagnement des personnes diagnostiquées avec une prise en charge par les mutuelles. Actif depuis 16 ans dans les diagnostics et les suivis, il est aujourd'hui surchargé : certains patients attendent depuis des années de pouvoir faire ce bilan, pluridisciplinaire et donc couteux, qui confirmera ou non qu'ils sont porteurs d'autisme.

Or, ce 2 avril, journée de l’autisme, nous apprenons que le CHU de Liège a l’intention de cesser de recevoir des adultes dès la fin du mois. Pourtant, sa convention permet explicitement le financement de tels bilans et des suivis. Certes, des enfants aussi attendent d'être diagnostiqués et l'urgence est dans leur cas plus grande, mais un nouveau centre de référence à Namur et une antenne à Libramont s'ouvriront prochainement, qui diminueront les délais pour eux. N'est-il pas choquant alors d'exclure totalement les adultes de tout diagnostic ?

Les patients qui demandent un bilan d'autisme sont dans une souffrance que le reste de la société peine à imaginer. Ils sont passés parfois par des décennies d’errances médicales et psychologiques, de traitements médicamenteux inutiles, voire néfastes, parce que leurs troubles sensoriels et sociaux n'ont été compris par personne, ni par leur milieu éducatif puis professionnel, qui les a souvent rejetés, ni par leur famille, qui souffre avec et pour eux. Le diagnostic constitue alors une étape essentielle de compréhension d’eux-mêmes, et un immense soulagement de pouvoir enfin mettre un nom sur une spécificité qui les met en marge du « monde des autres », ce qui les handicape sur de multiples plans et qui prive la société entière de leurs talents faute d'adaptations – souvent légères - qui leur permettent de donner leur pleine mesure et de s'épanouir. Et le suivi par des psychologues qualifiés en autisme, leur permet de mieux s'apprivoiser, se comprendre, vivre leurs particularités, et mieux s'insérer dans la vie sociale et professionnelle.

Priver d'un bilan adéquat près de 1000 personnes actuellement inscrites en liste d’attente et priver de suivi qualifié les personnes déjà diagnostiquées est inacceptable,  Il faut au contraire augmenter les moyens de l'unique centre auquel elles ont accès, leur offrir le diagnostic fiable et le suivi auquel elles ont droit, la vie apaisée qu'elles méritent et la vie sociale et professionnelle enrichissante, pour eux et pour la société qui a beaucoup à y gagner.

De plus, il semble y avoir quelques changements dans l’équipe du CRAL.  Pourquoi donc se séparer des services de psychologues expérimentés en les remplaçants par celles de professionnels débutants ?  Depuis de nombreuses années, il est déjà très compliqué de trouver des psychologues aguerris dans le diagnostic de l’autisme, alors autant les conserver pour garantir la qualité des prestations.