Manifeste de la Collection Fantôme

Manifeste de la Collection Fantôme
L'importance de cette pétition

Manifeste de la Collection fantôme
La guerre qui a déchiré la Côte d’Ivoire il y a quelques années n’a pas fait qu’arracher des vies, de tous les bords, et jeter à bas les infrastructures physiques de 50 ans de développement. Elle a aussi été l’occasion d’un pillage de professionnels, le vol systématique et organisé d’objets qui sont des représentations de notre mémoire, le témoin et l’expression de notre histoire, notre culture. Chacun d’eux est d’une valeur inestimable et non estimée à ce jour. Du ventre du bien nommé Musée des Civilisations de Côte d’Ivoire, ils ont été arrachés par les bras d’un commando indicible, commandité par des mains invisibles, pour le plaisir d’yeux imbéciles, gonflés de la seule vanité de posséder en privé ce qui fait l’identité publique de toute une nation. Chaque objet parti de ce musée est une part de chacun de nous envolée. C’est un crime inqualifiable. Il devrait provoquer indignation et mobilisation de tous, en Côte d’Ivoire d’abord. Mais c’est silence ou indifférence depuis les salons feutrés des hautes sphères jusqu’aux cours bruyantes des bas-quartiers. Il semble que la mémoire, l’histoire, la culture n’ont plus d’importance devant les chiffres de croissance ou la recherche de la pitance. Et pourtant, nous ne sommes pas un peuple de varans, à marcher aveugle en se tortillant dans tous les non-sens, à vouloir effacer nos traces avec notre queue en avançant. Nous, femmes et hommes de bien de toute la nation, de toutes les nations, nous refusons de nous laisser couler dans les limbes des silences complices. Nous refusons de payer de notre histoire la seule satisfaction de caprices de riches. Partout, dressons-nous, aiguisons notre vigilance, unissons nos énergies...
Pour sortir de tous marchés, de toutes salles de vente, tous les objets patrimoniaux d’ici et d’ailleurs
Pour ne point laisser aux seuls voleurs de savoir estimer qui nous sommes
Pour que nous reviennent les mémoires
Pour réunir toutes ces pièces de nous éparpillé(e)s
Pour que chaque objet volé en ce musée hante nos esprits
Au nom de la Collection fantôme
Gauz, écrivain et cinéaste
Silvie Mémel Kassi, Directrice du Musée des Civilisations
Fodé Sylla, co- fondateur de l'association l'art(sans)frique
Zoé Noël, co-fondatrice de l'association l'art(sans)frique
Angélique Clèkanman Koné, mannequin
Michel Alexandre Kipré, écrivain et journaliste
Valérie Bony, journaliste
Doris HaronKasco, photographe
Delphine Gbogou, infirmière à la retraite
Yvan Zunon-Kipré, neurochirurgien
Franck Atté, communicateur
EricZunon-Kipré, radiologue
Ted Azouma, juriste
JemsKokobi, sculpteur
Yolande Dosso épouse Ouattara, artisan designer
François Gbré, photographe
Kajeem, chanteur