Mahé de la bourdonnais est considéré à juste titre comme le maître d'œuvre de la colonisation française dans notre région. Mais qui est-il et quel a été son rôle dans l'histoire de notre île ?

La statue de Mahé de La Bourdonnais a été inaugurée à Maurice le 30 août 1859 à l'initiative de l'oligarchie sucrière au mépris des principes humanistes et comme symbole de la colonisation. C'est sous son égide que s'étendent les conquêtes de l'île Maurice, de Madagascar et des Comores.

Sur la base de la loi Taubira du 21 mai 2001 relative à la reconnaissance de la traite négrière et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité, dont l'article 1 stipule : " La République reconnaît que la traite négrière dans l'océan Indien, d'une part, et l'esclavage, d'autre part, perpétrés à partir du XVe siècle dans l'océan Indien contre les populations africaines, malgaches et indiennes, constituent un crime contre l'humanité.

Une réparation est demandée pour ce crime contre l'humanité que furent la traite négrière et l'esclavage des Noirs. Ces représentants de l'esclavage et du colonialisme siègent dans notre ville depuis des siècles sans que leurs crimes soient remis en cause, alors même que l'esclavage est reconnu comme un crime contre l'humanité, ces statues continuent d'ériger ce crime en gloire.

Cette impunité doit cesser car elle maintient tout un peuple dans la honte, et laisse les héros de la liberté dans l'ignorance et l'oubli. Mahé de La Bourdonnais est donc le symbole du suprématisme blanc dans notre région. Tout le contraire du vivre ensemble revendiqué de notre île. Il ne doit plus trôner sur la place du gouvernement.

Les Mauriciens doivent savoir qui est ce personnage. Depuis de nombreuses années, les associations mémorielles appellent à une véritable réflexion sur la signalétique urbaine et le marquage historique du territoire, en ce qu'ils ont établi depuis des siècles une invisibilité totale sur la vie, l'œuvre et la résistance de nos ancêtres asservis, des marrons, des combattants de la liberté, des illustrés engagés qui ont tous servi honorablement notre pays et qui ne bénéficient d'aucune reconnaissance jusqu'à aujourd'hui.

Toutes ces figures de la résistance et de la liberté sont encore absentes des noms de nos rues, places et villes, ignorées dans les lieux de connaissance et de diffusion culturelle ainsi que dans les bâtiments publics. Ces représentants de l'esclavage et du colonialisme siègent dans votre ville depuis des siècles sans être interrogés sur leurs crimes, alors même que l'esclavage est reconnu comme un crime contre l'humanité, ces statues continuent d'être érigées le crime comme la gloire.

Cette impunité doit cesser car elle maintient tout un peuple dans la honte, et laisse les héros de la liberté dans l'ignorance et l'oubli. Toutes ces questions sont essentielles pour l'avenir de notre pays et méritent d'être traitées de toute urgence, car nous n'acceptons plus que notre île soit déshonorée et souillée par le sang des criminels.

A l'image de cette vague de protestation contre les esclavagistes, les criminels de guerre, les bourreaux, symboles de domination et de suprématie, nous défendons la nécessité pour Movmen Lavwa Pep Afrikain de rendre au peuple sa dignité, de retrouver ses héros sur les places publiques, de s'identifier à la lutte et à la résistance qui ont conduit à la liberté dont nous héritons aujourd'hui.

C'est pourquoi nous proposons de mettre en place une commission publique d'étude,de consultation sur les bâtiments publics afin de parvenir à un équilibre en matière de représentation de l'histoire et de la mémoire de ce pays et de remplacer impérativement la statue de Mahé de Labourdonnais par celle d'une famille africaine libre (Homme femme et enfant) .