Par la présente, nous souhaitons attirer votre attention sur la nécessité de reconnaître les salles de surveillance post-interventionnelles (SSPI) comme services de soins critiques.

L’activité de soins critiques est définie par l'article R. 6123-33 du Code de la Santé publique et “consiste en la prise en charge des patients qui présentent ou sont susceptibles de présenter une ou plusieurs défaillances aiguës mettant directement en jeu le pronostic vital ou fonctionnel et pouvant impliquer le recours à une ou plusieurs méthodes de suppléance”.

Le 26 avril 2022, deux décrets relatifs à l’activité de soins critiques ont été publiés au Journal Officiel. Ces nouvelles dispositions visent à placer sous un même régime national des autorisations l’ensemble de l’activité de soins critiques.  Sont ainsi concernés les services de réanimation, les services de soins intensifs ainsi que les services de soins continus. 

Ces décrets proposent notamment un renforcement et une mutualisation des équipes non médicales, prévoyant une hausse du ratio d’infirmier par lit de réanimation. Ainsi ils apportent une grande flexibilité de l’offre de soins critiques et permettent donc une adaptation de l’offre aux fluctuations des besoins, saisonniers ou lors de crises sanitaires telles que celle que nous venons de traverser. 

Ces mesures s’ajoutent à la prime d’exercice en soins critiques qui a été créée début 2022. Cette prime mensuelle de 100 euros est attribuée en reconnaissance de la technicité et la difficulté associées au rôle qu’assument les infirmiers en réanimation et en services de soins critiques. 

Or, les SSPI sont les grandes oubliées de ces textes, excluant totalement de ces dispositions les infirmiers et les aides-soignants avec lesquels ils travaillent en binôme dans ces services.

Pourtant, plusieurs arguments plaident en faveur de la reconnaissance des SSPI comme services de soins critiques :

Dans les SSPI, les infirmiers et les aides-soignants assurent une prise en charge quotidienne de patients destinés aux services de réanimation, de soins intensifs et continus. En effet, l’offre de soins en soins critiques demeure insuffisante pour faire face à la demande en soins qui est en constante augmentation. Par conséquent, les SSPI sont directement impactées, assumant elles-mêmes la prise en charge en salles de réveil de situations graves, de patients risquant une détresse vitale, en lien direct avec le service de réanimation, avec les chirurgiens... Les infirmiers et aides-soignants des SSPI peuvent donc être amenés à prodiguer des soins spécifiques sur ces patients. 

Cette prise en charge en aval par les SSPI permet de limiter quotidiennement les retards du programme opératoire et le respect du temps de vacation opératoire.

Le Code de la Santé publique lui-même, dans son article D6124-97 précise que les SSPI ont pour mission de prendre en charge les patients les plus instables : la surveillance continue des patients après une intervention chirurgicale « a pour objet de contrôler les effets résiduels des médicaments anesthésiques et leur élimination et de faire face, en tenant compte de l'état de santé du patient, aux complications éventuelles liées à l'intervention ou à l'anesthésie. Cette surveillance commence en salle, dès la fin de l'intervention et de l'anesthésie. Elle ne s'interrompt pas pendant le transfert du patient. Elle se poursuit jusqu'au retour et au maintien de l'autonomie respiratoire du patient, de son équilibre circulatoire et de sa récupération neurologique." Les patients ayant un potentiel élevé de risques post-anesthésiques dépendent dès lors de l’évaluation et des actes réalisés par les infirmiers et aides-soignants des SSPI. La pression est constante et les responsabilités sont importantes pour ces personnels.

Par ailleurs, vous savez combien les SSPI sont mobilisés et sollicités en période de crise (attentats, pandémie 2020-2022…) ; elles constituent l’un des éléments clés de prise en charge des afflux soudains de patients.

Enfin, la charge en soins de la SSPI n'est aujourd’hui pas évaluable. Les soins relationnels et techniques ainsi que les soins de base réalisés sont sous-estimés voire non mesurés. 

Aussi au regard de ces éléments, nous déplorons que nos compétences et nos missions ne soient pas reconnues à leur juste valeur. 

Pour toutes ces raisons, nous souhaiterions que les soins prodigués en SSPI soient reconnus administrativement comme soins critiques en étiquetant certains postes de soins en Lits de surveillance continue voire de réanimation.

Merci de votre soutien