Lulu sur la Colline, le théâtre lyonnais qui ne paie pas toutes les compagnies.

Lulu sur la Colline, le théâtre lyonnais qui ne paie pas toutes les compagnies.
L'importance de cette pétition

Quand un théâtre lyonnais dupe les compagnies. Et que les compagnies parlent.
L'histoire remonte à l'année 2019 et se passe au Théâtre Lulu sur la colline (60 Rue Victor Lagrange, 69007 Lyon). Une première compagnie est programmée, c'est la Cie la Rouquine. Elle y joue ses spectacles Les princesses, ça sert à rien et Une vie avec Dartagnan. Les différentes programmations génèrent une recette importante. Une petite partie sera alors payée après nombres de relances et avec une année de retard. Il manque aujourd'hui 900€ suite à deux programmations en Décembre 2019 pour des spectacles de CE.
Puis en février 2020 sont programmés, deux spectacles jeunes publics Camille, tu dors ? présentée par la Cie Chienne de Vie et Gang de chats par la Cie de Trop.
Au total, 13 représentations de Camille, tu dors ? en coréalisation du 22 février 2020 au 7 mars 2020. Part due : 1407,05€
Au total, 16 représentations de Gang de chats en coréalisation du 22 février au 8 mars 2020. Part due : 2032,41€
Toutes ces dates s'étant bien entendu déroulées avant la crise sanitaire, l'annonce d'un confinement ou même le début des restrictions. Il faut comprendre que la coréalisation entraine une répartition à 50/50 de la recette. Ce qui veut dire que tant que le théâtre ne paie pas, il se retrouve avec le double de trésorerie. Par exemple, le spectacle Gang de Chats a rapporté plus de 4000€ de recette à Lulu sur la Colline.
Les salaires des artistes, les décors, les déplacements, la promotion et les temps de répétition sont payés par les compagnies d'un côté. De l'autre, plus de 1500 spectateurs qui consomment au bar et affichent leur plaisir d'être au théâtre Lulu sur la colline qui empoche la totalité des recettes de manière provisoire.
Seulement voilà... Lulu n'a pas payé les compagnies et a conservé toutes les recettes de tous les spectacles.
Spoil : la justice a déjà tranché et notre argent nous ne l'aurons jamais. On vous explique.
Dans ce combat de David contre Goliath, nous nous retrouvons à réclamer notre argent dès le mois d’avril 2020. On nous promet de nous payer, mais on conserve notre recette en otage pour faire face à la crise.
Les compagnies, elles, ont alors un trou dans la caisse, tout en ayant respecté leurs engagements vis-à-vis des artistes. C'est cet honneur qui fédère les artistes entre eux. Les artistes ont donc été payés, la compagnie, elle, attend toujours.
Contacté par téléphone en novembre 2020, Michel Bernini, employé de Lulu sur la colline dont le poste hiérarchique n'est pas clairement défini dans la société, invoque des facteurs extérieurs: une équipe administrative défaillante, un président absent et un nouveau business plan qui souffre d'impayés. Lulu n'est donc pas responsable de cette situation selon lui. Les échanges ont tous été enregistrés.
Comprenez, nous sommes des compagnies professionnelles, il est douloureux d'entendre ça. Nous déposons donc un dossier au tribunal.
Mais il le dit lui-même "[...] On va rentrer de l’argent, on va payer les gens. C’est pas un problème.". En effet, un financement participatif rapporte 16 599€ au théâtre en Juin 2020, mais pas un euro ne sera consacré aux compagnies impayées.
On signe un texte de « Soutien à Lulu » pour signifier notre aide aux employés afin qu'ielles puissent enfin trouver les aides pour nous payer. Nous sommes en novembre 2020. Nous découvrons alors que les compagnies programmées dans l'avenir n'ont pas été mis au courant de la situation par le théâtre. La programmation entière jeune public du théâtre saute jusqu’à la fin de la saison. Les compagnies sont outrées, elles refusent de jouer alors que d'autres ne sont toujours pas payées.
Michel Bernini appelle alors les auteurs de la publication et demande frontalement à ce que "la publication soit retirée". Mais ici, cela devient une question d’honneur et d’engagement artistique, nous souhaitons que nos pairs soient mis au courant.
Et alors, les voix se libèrent. Les témoignages affluent. Les anciens employés de Lulu témoignent, les compagnies flouées par le passé y voient une manière d'être enfin comprises. Nous constatons que personne n'osait parler, personne n'osait rien dire.
Puis, stupéfaction. Lord Productions, la société porteuse de Lulu sur la Colline depuis 2019, est en redressement judiciaire depuis mai 2021.
Le redressement judiciaire interdit aux créanciers, (nous), de demander ou réclamer l'argent. L'entreprise est alors "sous la protection" de l'état. On comprend que la bataille est perdue parce que nous ne sommes pas des créanciers prioritaires. Logiquement, la liquidation judiciaire est prononcée le 3 août 2021. Fin de Lord Productions. Fin de notre chance de récupérer notre argent par la voie pénale. Nos dossiers n'aboutiront pas.
Mais fin de Lulu sur la Colline ? Non.
Avant "Lord Productions", une autre société porteuse du projet de Lulu sur la Colline « Bergson Productions » et dirigé par Michel BERNINI est placée en redressement judiciaire le 29-05-2018 puis liquidé le 25-04-2019.
Aujourd’hui, le théâtre devait ouvrir de nouveau ses portes pour la troisième fois le 15 octobre 2021. "Un problème administratif" repousse l'ouverture en décembre prochain.
Nouvelle peau, nouvelle société, nouveau président et nouvelles compagnies jeune public à programmer. Même directeur artistique : Michel BERNINI.
Par cette pétition, nous demandons au nouveau président de la société, qui portera cette enseigne, de prendre ses fonctions de manière réelle et ses responsabilités au-delà des papiers.
Nous espérons que notre action commune protégera les compagnies futures de ce genre de désagréments. Cette position de victime nous est intolérable. Cette pétition est le seul moyen qu'il nous reste. Nous savons que nous ne récupérerons probablement jamais notre argent. C'est une honte, mais c'est aussi un fait entre les mains de la nouvelle présidence.
À toutes les compagnies et artistes en contrat avec Lulu sur la Colline, qui ont été payées tardivement, voire jamais payées, ou partiellement, nous sommes convaincus que les délais et les relances que vous avez dû faire ne sont pas une énergie qu'il est normal de déployer dans ce métier. Nous espérons donc vivement que la « nouvelle peau » administrative de Lulu sur la Colline ne sera pas un écran de fumée de plus pour protéger le(s) véritable(s) responsable(s) de notre situation.
Nous refusons de tomber sous le coup de la diffamation, nous ne nous sommes basés que sur des témoignages tangibles, des preuves audios, des preuves judiciaires et une envie de veiller sur ceux qui pourraient nous succéder.
Merci de votre lecture et merci de vos partages d’expériences éventuels.
Cette pétition est signée et lancée par l'initiative citoyenne de Dorian Pillot (metteur en scène employé à l'époque par LCDT sur le spectacle Gang de chats), Alex Repain (Comédien employé à l'époque pour la Cie Chienne de Vie pour le spectacle Camille, tu dors ?) et Elsa Aubert (Metteuse en scène employée à l'époque pour la Cie la Rouquine pour les spectacle Une nuit avec Dartagnan et Les princesses, ça sert à rien.). Les compagnies et présidences respectives n'en sont en aucun cas initiatrices.
Image profil : Le petit Spirou, Janry