Cette pétition s’adresse au ministre attitré à la lutte contre le racisme Mr. Benoît Charrette. Mon nom est Mamadou Oury Camara et je vous écris en tant que citoyen préoccupé. Tout d’abord, je tenais à vous remercier pour votre initiative concernant la série de quatre vidéos pilotes dans la campagne publicitaire visant à combattre les préjugés à l’origine du racisme. 

Ces dernières ont suscité beaucoup de réaction et d’incompréhension au sein de la population québécoise et ont même fait l’objet de parodie satirique. Ces réactions lancent un message fort et vibrant; pour plusieurs raisons, de nombreux québécois.e.s. s ne se reconnaissent pas dans ces publicités. J’ai moi-même ressenti un malaise en les visionnant car, comme plusieurs l’ont mentionné, ces publicités contribuent de manière dangereuse à une vision euphémisée du racisme. Cette pétition sollicite donc la signature de toutes personnes ayant à cœur un Québec où le vivre ensemble sera amélioré et souhaitant que les prochaines campagnes publicitaires contre le racisme atteignent mieux leur cible, avec une meilleure sensibilité pour les minorités visibles, ethniques et marginalisées qu’elles tenteront de défendre.

D’ailleurs, le racisme que le gouvernement Caquiste s’est engagé à combattre est un phénomène complexe. Les communautés ethniques qui composent le paysage québécois ne sont pas étrangères au racisme et sont victimes de préjugés qui puisent leur source dans un passé historique profondément enraciné qui sont très peu souvent cités ou enseignées. À titre d’exemple, si l’on s’intéresse à l’histoire noire du Québec, avec notamment les travaux de l’historien québécois Dr. Marcel Trudel, on se rend compte que la présence noire au Québec n’est pas hasardeuse et que celle-ci remonte à l’époque de la Nouvelle-France comme l’indique son ouvrage intitulé « Deux siècles d’esclavage au Québec » ; cela montre que certains préjugés racistes existent depuis longtemps. Également, l’œuvre du Docteur en histoire, Arnaud Bessières intitulée « la contribution des Noirs au Québec : quatre siècles d'une histoire partagée », révèle que la population Noire en territoire québécois a joué un rôle dans de nombreuses avancées dignes de mention et a contribué à bâtir le Québec tel que l’on le connait aujourd’hui. Mettre ce genre d’information en avant aiderait à combattre certains préjugés.

De plus, le sentiment d’appartenance est important au sein d’une société, parce qu’il permet à ses membres de se sentir en sécurité et de pouvoir pleinement contribuer au bien collectif. Sur ce point, en visionnant les publicités on ressent que les valeurs du parti Coalition Avenir Québec prennent racines dans le sentiment d’appartenance à la société québécoise. 

Cela dit, l’approche préconisée dans la campagne publicitaire actuelle s’éloigne de la cible. Effectivement, lorsque interrogé par Radio-Canada, le réalisateur de la campagne publicitaire de la lutte contre le racisme, Khoa lê, a mentionné que « c’est devenu une campagne politique pour moi, c’est devenu une campagne nationaliste, c’est devenu une campagne d’intégration plutôt qu’une campagne de sensibilisation », alors qu’au départ, la campagne publicitaire servait à mettre de l’avant l’humanité des minorités visibles. 

 

 

Voici quelques points supplémentaires :

1.      Inclure dans les publicités les témoignages d’acteurs clés des communautés victimes de racisme (autochtones, allophones, etc.) et inclure les communautés anglophones. Un témoignage est plus percutant, parce qu’il permet d’avoir une brève proximité avec la personne qui se confie, tout en mettant en avant son humanité, ce qui rend possible de mieux faire preuve d’empathie et de faire preuve d’introspection.

 

2.      Inclure les minorités dans les livres d’histoires, cours et émissions québécoises aidera assurément à favoriser le sentiment d’appartenance. La présence de certaines minorités ethniques au Québec date de loin et ces minorités ont aidé à construire le Québec d’aujourd’hui. Pourtant, ces minorités sont peu présentes dans notre mémoire collective québécoise.

 

3.      Reconnaitre la réalité des minorités. Effectivement, dans l’actualité le débat soulevé tente de déterminer si les québécois sont racistes, là n’est pas le problème. La vraie problématique est que les injustices et la souffrance que ressentent quotidiennement plusieurs minorités québécoises, n’est pas reconnu.