Nous avons signé des contrats pédagogiques cette année pour des examens en distanciel sur Moodle. Les examens en ligne sont devenus la norme, ce qui est compréhensible pour une université dont un très grand nombre d'étudiants vivent loin de Paris.

Plus d’un mois après la rentrée, après la possibilité d’annuler nos inscriptions ou de candidater ailleurs, l’IED a annoncé, faute d’avoir remplacé le gérant du service informatique, qu’ils basculaient vers une plateforme privée de télésurveillance qui en outre exposerait nos données à des risques que nous jugeons inacceptables. Voici quelques de ses exigences :

Nous serions pris en photo toutes les trois secondes et qui sera analysés par une Intelligence Artificielle. Pas le droit de tourner la tête ni de regarder son clavier, de manger, de boire autre que de l’eau dans une bouteille ou verre, pas d'animal de compagnie ou d’enfants dans la pièce (ce qui est discriminatoire pour les personnes qui habitent de petits espaces). Interdiction d'avoir des bruits quelconques (voisin, musique, se parler....), ni bouger, se lever ou aller aux toilettes. Surveillance biométrique totale. Désactivation de nos pare-feu et anti-virus, droits administratifs donnés à un logiciel qui prend contrôle de nos ordinateurs et met nos données en jeu.

Il a fallu trouver ces contraintes sur le site de TestWe, vu que l’université ne nous communique aucun détail, ni même ne répond à nos interrogations et inquiétudes, exprimées dans le forum consacré à la communication avec l’administration et à travers une lettre signée par 76 personnes.

Bon nombre d’entre nous faisons nos études par passion, et ne trichons pas sur des examens qui sont importants pour contrôler nos connaissances. Nos comportements ne sont pas en cause. Et nous savons qu’il ne s’agit pas d’une crainte de triche rependue et avérée. La communication de l’IED du 9 novembre souligne ne pas vouloir gérer le côté informatique, ce qui, pour une université publique à distance se trouve au cœur de son métier. L'argent de cette nouvelle plateforme peut être utilisée pour que l'informatique de l'université fonctionne bien. 

Sont remis en cause ici, nos droits fondamentaux, nos libertés publiques, et une rupture d’égalité dans nos études. Nous mettre au pied du mur et nous demander de choisir entre les examens à distance dans ces conditions ou de venir en présentiel n’est pas un choix que nous jugeons convenable. Nous sommes nombreux à ne pas pouvoir supporter les frais pour de tels déplacements ou à ne pas pouvoir se procurer le matériel requis par ce logiciel.

Nous n’avons pas de représentation sur le Conseil de l’IED, qui prend de nombreuses décisions sans consultation depuis des années. L’administration semble vouloir rendre nos candidatures difficiles. L’élection l’année dernière a été annoncée à 17h11 la veille des vacances de février avec 6 jours ouvrés pour recevoir nos listes dans les bureaux avec tous les justificatifs requis. Une liste est arrivée avec du retard et a été refusée. Cette élection était censée être réorganisée pour octobre 2022, mais aujourd’hui, nous l’attendons toujours.

De ce fait, dans l’absence d’une quelconque représentation et face à l’opacité de l’administration, plusieurs étudiants ont eu le courage de mettre leurs noms sur une requête en justice. Mais ils ne sont pas seuls. Nombreux sont les étudiants qui ont contribué à cet effort, pour décortiquer le logiciel en question afin de savoir ce qu’il y en avait. Beaucoup ont déjà donné à la cagnotte pour une action en justice. Nous agissons tous en toute connaissance de cause. 

Pourquoi faisons-nous ceci ? : Parce que nous voulons être entendu, et correctement renseignés. Parce que nous voulons savoir ce qu'implique le passage d'un examen sur une plateforme telle que TestWe, tant au niveau de notre matériel informatique, de la sécurité individuelle, et de nos libertés. Parce que nous pensons que des décisions concernant les modalités d'examens doivent être prises en concertation et en toute transparence. Nous demandons que les examens se passent sur la plateforme Moodle jusqu'à élection de représentants d'étudiants et faute de cette bienveillance de la part de l’université, nous soutenons une action en justice pour faire valoir nos droits et intérêts.

http://www.leetchi.com/c/action-examens

En nos noms, les signataires de la pétition.