Pour que Valérie de Oliveira récupère son poste

Pour que Valérie de Oliveira récupère son poste
Pourquoi cette pétition est importante
L’éducation nationale en France, parcoursup pour les lycéens ou 20 ans de carrière pour les profs, même combat.
Le mérite ? A quoi bon.
Il vaut mieux avoir le bras long et s’engouffrer dans les brèches d’un gouvernement qui ne tient pas parole.
Il y a des postes vacants, on a besoin de quelqu’un pour les prendre ? On vient vous chercher, peu importe le diplôme, peu importe les compétences.
Grâce à ce poste provisoire, on vous promet des formations, on vous promet une VAE (validation des acquis grâce à l’expérience). En conclusion, on vous promet un poste définitif, acquis par votre simple force de travail. Le salaire ? Oh, on en parlera plus tard, c’est tabou dans l’éducation nationale, il ne faut surtout pas oser en parler. Devoir de discrétion, le fonctionnaire ne doit pas faire de vague.
Et puis finalement, le gouvernement retourne sa veste. Non seulement il ne permet pas la VAE, mais en plus il ne laisse pas la possibilité, en pratique, de passer le diplôme. En effet, il faut faire des séances en classe pour le préparer. Comment voulez-vous faire quand vous courrez après le temps, passez votre temps en rendez-vous et en réunions dans les 25 établissements scolaires de votre secteur ?
Et après 5 ans à ne pas compter les heures, à vous battre pour vos élèves, à travailler pendant les vacances et les jours fériés, à travailler tant bien que mal en période de pandémie, à travailler même en arrêt maladie (bah oui, pensez à vos élèves, vous avez leur avenir entre les mains), on vous appelle pour vous dire que vous n’avez plus de poste. Quelqu’un l’a demandé, évidemment il est prioritaire puisqu’il a le diplôme. Ce même diplôme qu’on vous a empêché de passer, alors même que vous avez des compliments de tous vos supérieurs, collègues et des parents des élèves que vous suivez, sur votre sérieux, votre bienveillance, la qualité de votre travail et votre bataille pour un accès juste à l’éducation, et que vous avez d’excellentes notes lors de vos entretiens de fin de carrière. Ce même poste qu’on vous a supplié de prendre il y a 5 ans, sans diplôme, parce que personne n’en voulait.
Ici, je vous parle de Valérie de Oliveira.
Un master de communication en poche, et après un an à l’IUFM (l’école des profs, à l’époque), et un an de direction provisoire à Corbreuse, elle décroche en 2004 un poste à l’école maternelle de Sermaise. Petit village de l’Essonne. Et comme elle ne fait jamais les choses à moitié, elle en prend la direction directement en sortant de l’école. Une première. Ce sera d’ailleurs interdit l’année suivante, il faudra de l’ancienneté pour obtenir un poste de direction.
Elle aura pris la classe de petite section pendant 1 ans, puis celle de grande section les 12 années suivantes. Et je pense pouvoir affirmer sans prendre de risque que, malgré leur jeune âge à l’époque, la plupart des enfants, ados ou jeunes adultes qui sont passés dans sa classe se souviennent de cette instit. Elle a toujours pris le parti des enfants. Enfants turbulents, studieux, timides, extravertis, elle les a toujours tous traités de la même façon. Envers et contre tous, peu importe ce qui pouvait se dire dans son dos. Pour leur transmettre des connaissances, mais aussi leur permettre de s’épanouir, leur apprendre des valeurs.
Elle a mis en place des projets éducatifs différents chaque année, se refusant la facilité de réutiliser les mêmes méthodes et exercices. Elle a encaissé les changements de programmes du gouvernement à chaque changement de quinquennat, les semaines de quatre jours et demi, puis de 4 et finalement de 5 jours. Peu importe, elle aurait été prête à tout pour les enfants. Elle prenait la responsabilité de l’orientation de l’avenir de ces jeunes enfants très au sérieux.
Et puis ses plus beaux remerciements, c’étaient les sourires des grands qui venaient chercher les petit.es frères et sœurs, la remerciant de l’enseignante qu’elle avait été et était toujours. Les enfants qui venaient lui réclamer un câlin en cachette alors qu’ils n’étaient plus dans sa classe. Les grands qui l’appelaient à l’aide lorsqu’ils étaient incompris de leurs professeurs, même des années plus tard. Et même s’il y a parfois eu des désaccords et incompréhension, les parents ont toujours fini par comprendre que chacun de ses actes était dans l’intérêt des enfants et la remercient encore maintenant.
Ses proches la surnomment le défenseur des opprimés. Elle a à cœur de valoriser la différence, et que chaque enfant ait accès à l’école et ses enseignements de façon juste.
C’est donc tout naturellement qu’elle a demandé le poste d’Enseignante Référente (ER) sur le secteur de Dourdan quand le poste a été créé en 2017. Ce sont les dossiers des élèves de 4 secteurs différents qui ont été réunis pour créer ce poste. L’ER, c’est celle qui fait le lien entre les familles, les enfants, les établissements scolaires, les enseignants, et la MDPH (Maison Départementale pour les Personnes Handicapées).
Elle permet aux enfants aux besoins spécifiques d’avoir les mêmes chances que les autres à l’école, peu importe leur âge, leur niveau ou la nature de leur handicap, en leur proposant à chacun un parcours adapté.
250 dossiers. 250 enfants à suivre. De la petite section de maternelle à la deuxième année de BTS en lycée. De 3 à 20 ans.
A ce moment-là, les postes d’ER étaient des postes à profil. On privilégiait les compétences au diplôme. Et Valérie l’a obtenu de manière loyale et légitime, sur entretien, car son profil correspondait aux attendus pour le poste, moyennant quelques heures de formation.
Evidemment, la formation promise par l’éducation nationale se résumait à une réunion mensuelle avec les 5 autres ER jetés dans le grand bain la même année.
Peu importe, Valérie aime apprendre, se former, en connaître le maximum pour aider les enfants qu’elle suit. Elle n’a pas compté ses heures pour démarcher les établissements spécifiques, pour aller les visiter, pour comprendre les différentes possibilités offertes à ces enfants aux besoins particuliers.
Pendant 5 ans elle s’est démenée pour leur offrir le meilleur. Que ce soit un tiers temps pour le bac du lycéen dyslexique, du matériel adapté pour l’enfant à mobilité réduite, ou une place dans une classe spécialisée selon les besoins de l’enfant neuroatypique. Elle s’est battue contre les écoles qui n’aiment pas les différences. Elle s’est battue pour des parents démunis devant les difficultés de leur enfant. Elle s’est battue avec la MDPH qui annonce des délais toujours plus longs. Et surtout elle s’est battue contre l’éducation nationale. Ce système même qui l’emploie. Qui promet une égalité des chances, mais qui accorde des places en priorité à l’enfant dont la famille est proche d’un ministre, au détriment de celui plus gravement atteint et qui en aurait eu plus besoin. Elle a eu des choix difficiles à faire. Quand on a une seule place pour 5 enfants, auquel donne-t-on sa chance ? On aimait demander à Valérie de trancher, parce qu’on la sait droite et compétente.
Elle s’est battue en faisant 50km pour aller déposer des dossiers pendant les vacances, sans défraiement, en faisant face à l’obsolescence du matériel informatique de l’éducation nationale en utilisant son ordinateur personnel, en prenant sur son temps personnel pour recevoir des familles en urgence, en remplissant des bases de données nécessaires aux statistiques de l’état, y passant des heures et des heures (non rémunérées).
Valérie a toujours fait passer tout le monde avant elle et son travail en faisait partie.
Son investissement a toujours été reconnu par ses supérieurs, notamment les chargés de mission, qui ont toujours loué son travail et reconnu ses compétences. Sa dernière note d’inspection en tant que professeur des écoles était de 15/20. Lors de son entretien de carrière en temps qu’ER, elle a eu un bilan de carrière noté Très Satisfaisant. Elle n’a eu aucun reproche. Je pense que l’on peut aisément dire que l’on est proche de l’excellence dans son domaine. Le compte rendu se termine par cette phrase : « pour son investissement auprès des élèves en situation de handicap et de leurs familles, mais également des équipes pédagogiques, il convient de la remercier ».
Lorsqu’il a été décidé, toujours de façon objective évidemment, de faire paraître ces postes d’ER au mouvement, permettant de les jouer au diplôme et au nombre de points, et de ne plus les soumettre à un entretien, Valérie s’est inscrite pour passer le CAPEI en candidat libre. Chacun le sait, préparer un diplôme lorsque l’on travaille à temps plein, c’est un travail titanesque. Mais le gouvernement aime corser les choses. Il impose donc un certain nombre d’heure de présence en classe, afin de permettre la préparation du diplôme en conditions réelles. Mais comment faire lorsque, durant ces mêmes heures de classe et de présence des élèves, on doit être en réunion pour discuter de l’avenir d’un enfant ?
Encore une fois, Valérie a fait le choix de faire passer les enfants avant la sécurité de son emploi. Elle a renoncé à passer le diplôme cette année-là car elle n’en avait tout simplement pas le temps, elle ne voulait pas prendre le temps de le préparer au détriment des enfants qu’elle suivait et dont elle avait la responsabilité.
Elle a pris le risque de prendre ce poste à titre provisoire, en ayant l’assurance de pouvoir récupérer son poste à Sermaise durant 3 ans si jamais quelqu’un demandait à récupérer ce poste d’ER. Au bout de 3 ans, il a fallu faire un choix, retourner à Sermaise ou garder ce poste, qui lui plaisait et la passionnait ? Aucune hésitation possible, ce poste était pour elle l’évolution logique de sa carrière. Et puis le gouvernement promettait une VAE, donc elle ne prenait plus de risques.
Jusqu’à cette décision du SIEC. Cette décision qui ne respecte pas la circulaire parue en septembre sur la VAE, alors qu’il était trop tard pour s’inscrire pour passer le diplôme.
Dans l’éducation nationale, le mérite n’existe pas. On impose, et le fonctionnaire se soumet. A qui se plaindre ? Auprès de qui demander un recours, quand il n’y a pas d’interlocuteur, quand on vous demande juste de vous taire ? Quand ceux qui font passer ces directives sont totalement inaccessibles pour le commun des mortels ?
Alors Valérie a croisé les doigts. Croisé les doigts pour que cette année encore, personne ne demande son poste. De toute façon, sur son secteur, tout le monde la connaît, alors qui ferait ça sans la prévenir ?
Et les résultats du mouvement sont tombés. Avril 2022. Quelqu’un a demandé son poste. Coup de massue. 5 ans d’investissement personnel qui s’envolent. Des enfants qu’elle aurait aimé suivre encore, qu’elle aurait pu continuer d’aider. Des compétences acquises qui ne serviront plus. Des parents qui continuent de l’appeler alors même qu’elle sait qu’elle ne peut plus rien pour eux.
Chaque enfant dont elle connaît le dossier par cœur redevient un dossier inconnu. Donnez-lui un nom, elle peut vous donner son parcours et ses difficultés. A quoi bon ? Il faudra qu’elle passe le relai, qu’elle donne les dossiers qu’elle a mis tant de coeur à organiser et classer, en espérant que la personne ait conscience de la qualité du travail fourni et poursuive sur la même lancée.
Et ensuite ?
Il a fallu attendre les résultats définitifs du mouvement. On lui propose en poste en école élémentaire à 35 minutes de chez elle. Enfin propose… Non, dans l’éducation nationale on ne propose pas, on impose. A la rentrée prochaine, tu iras là-bas. Comment ça, avec 20 ans d’ancienneté, tu avais suffisamment de points pour avoir un poste "mieux côté" et plus proche de chez toi ? Tu n’avais qu’à le demander avant. Maintenant tu acceptes.
L’injustice du gouvernement français, trahie par le fonctionnement de l’éducation nationale. Le fonctionnaire n’est qu’un chiffre dans un logiciel, peu importe la personne qu’il est, peu importe ses compétences, peu importe son investissement, peu importe la qualité de son travail.
Alors Valérie reçoit les appels des collègues, surpris, choqués, dans l’incompréhension totale. Certains en ont même les larmes aux yeux, lui arrachant celles qui coulent depuis deux mois. Mais comment est-ce possible ? Pourquoi ? Que peut-on faire ? On va se battre pour toi… Oui mais comment ?
L’individu n’est pas pris en compte par l’état.
Alors je tente de lancer cette pétition. Pour dénoncer cette injustice. Peut-être que cela reviendra aux oreilles des concernés. Peu importe où cela aboutira, au moins je ne serai pas resté spectateur impuissant.
Collègues, élèves, parents d’élèves, ou même inconnus si cette histoire vous touche, aidez-moi à faire tourner cette pétition, pour ne pas que Valérie ne soit qu’un dommage colatéral de plus de la politique de notre gouvernement.
Je rappellerai juste une chose, quand on veut changer les règles, on peut.
Avec mon éternelle reconnaissance
Voilà mon adresse mail de contact pour toutes questions, ou si vous souhaitez témoigner pour appuyer mes dires : vdo.petition@gmail.com
Anonymement, un proche de Valérie qui ne supporte pas l’injustice.