Pour les écoles et nos enfants "quoi qu'il en coûte" !

Pour les écoles et nos enfants "quoi qu'il en coûte" !
Dans une lettre ouverte au président de la République publiée dans le journal "Le Monde" du 8 février 2022, des parents d'élèves alertent sur les effets délétères de la gestion du covid dans les écoles, sur les enfants et les familles, et appellent à un "quoi qu'il en coûte" pour les écoles et les élèves.
Nous, représentants du conseil des parents de nos écoles, prenons la parole, Monsieur le président de la République, pour vous alerter sur une situation qui ne peut plus durer : la dégradation inacceptable de l’éducation de nos enfants, de leurs conditions de vie et notre épuisement en tant que parents.
Plus qu’une parole, c’est un cri. Un cri de colère, un cri d’épuisement, un cri d’au secours. Personne n’est responsable de la crise sanitaire, ni vous ni nous. Ce dont vous êtes, vous, responsable, c’est de la façon de la gérer, en particulier dans les écoles de la République. Vous prétendez faire tout pour maintenir les écoles « ouvertes ». Mais de quelle ouverture parlez-vous ? Les enfants doivent porter des masques toute la journée dès le CP, à des âges où ils apprennent la langue et la phonétique. Le quadrillage des espaces – cour de récréation, cantine, salle de sport – supposé éviter les brassages ruine les projets pédagogiques des enseignants et l’apprentissage si important de la vie en collectif.
Contraints de demeurer dans des espaces réduits et strictement délimités, les enfants de classes différentes ne peuvent plus jouer ensemble. Et les activités se réduisent chaque jour un peu plus : un jour la piscine censée apprendre à nager et prévenir les noyades l’été suivant, un autre les classes découvertes ou les sports d’intérieur, un autre encore les sorties culturelles.
« Où est votre “quoi qu’il en coûte” ? »
Voilà des mois que l’entrée dans l’école de nos enfants nous est interdite : quel meilleur moyen de dégrader la relation parents-enseignants ? Quel meilleur moyen de nous empêcher d’accompagner nos enfants dans les réalisations qu’ils font à l’école ? L’école n’est pas « ouverte », elle est saucissonnée, bâillonnée, entravée. Cette gestion inacceptable de la crise sanitaire dans les écoles perdure car les enfants sont justement des enfants. Ils ne se plaignent pas. Ils ne s’organisent pas en syndicats. Ils ne font pas grève et ne manifestent pas devant l’Elysée. Faut-il pour autant ignorer leur sort, leur bien-être, leur éducation, leur devenir ?
Malgré le travail exceptionnel fait par les enseignants pour gérer vaille que vaille la situation, ne feignons pas de croire que, sur la durée, toutes ces contraintes n’ont pas un impact sur la qualité des apprentissages de nos enfants, leur épanouissement et leur santé mentale. On pourrait comprendre ces contraintes quelques jours si elles s’accompagnaient d’un véritable effort pour les limiter au maximum. Mais elles durent depuis des mois.
Où est votre « quoi qu’il en coûte » appliqué au monde de l’éducation et aux écoles, alors que ces dernières années enchaînent des réductions d’effectifs constantes ? Où sont les milliers de remplaçants, où sont les masques FFP2 pour les personnels scolaires et périscolaires, où sont les systèmes d’aération des classes, où sont les capteurs de CO2, où sont les tests salivaires réalisés par millions par du personnel médical comme promis ? Nulle part.
Entre-deux mortifère
On a le droit tout au plus à des dispositifs sanitaires qui changent en permanence depuis des mois, que les directeurs d’école et du périscolaire découvrent par voie de presse de la veille pour le lendemain, qui obligent les parents à courir constamment après des tests dans le nez que les enfants supportent de plus en plus mal et à régulièrement s’excuser auprès de nos employeurs de notre énième absence au travail du fait d’un professeur absent non remplacé.
Car il faut aussi le dire : la crise sanitaire dure depuis bientôt deux ans et nombre d’entre nous frisons le burn-out parental. Tous ces dommages pour nos enfants et nous-mêmes sont la conséquence directe de vos choix, mais pour quoi ? Des centaines de milliers de personnes sont déclarées positives au Covid-19 chaque jour, les enfants sont faiblement à risque et les Français qui souhaitent être vaccinés le sont.
Le mythe d’une « école ouverte » n’a que trop duré, l’amoncellement de règles et l’absence de moyens d’accompagnement la vident de sa substance. L’école ne peut pas être un lieu de cloisonnement et de gestes barrières, elle est le lieu d’ouverture sur le monde de la connaissance, de découverte de l’autre et de la vie en société. Assumez un choix clair : n’ayant pas décidé de confinement, laissez les écoles réellement ouvertes avec les moyens requis aux projets pédagogiques et à la vie qu’elles portent. L’entre-deux est mortifère pour nos enfants comme pour nous, leurs parents. Nous espérons que vous entendrez notre message.
Le Collectif des représentants du Conseil des parents des écoles maternelle et élémentaire Rampal - Quartier Belleville - Paris 19e
Lien vers la tribune dans Le Monde ici