Objet : épreuves du Diplôme National du Brevet des collèges, candidats en situation de handicap

Monsieur le Président de la République,

Monsieur le Ministre de l’Education Nationale,

Je souhaite m’exprimer au regard de la situation de ce jour, quant aux épreuves du Diplôme National du Brevet des collèges de cette session 2022. En effet, vous n’êtes pas sans savoir que les sujets des épreuves de Sciences ainsi que d’Histoire et Géographie puis de Mathématiques ont été parus à la veille desdites épreuves sur les réseaux sociaux. Des sujets de secours ont, par conséquent, été proposés aux candidats.

Si des sujets adaptés pour les candidats en situation de handicap ont été prévus, ce n’est pas le cas des sujets de secours que ces derniers ont reçu. Si cette problématique m’interpelle à ce jour, c’est que mon frère, déficient visuel, faisait partie de ces candidats. Il a donc dû travailler avec un support inadapté à ses besoins, comme chaque adolescent dont le handicap requiert un sujet spécifique. Cette situation provoque stress, anxiété et une grande fatigue. L’ensemble de ces conséquences n’engendre qu’une seule chose : un plus grand risque d’échec au diplôme.

Notre politique est fondée - notamment - sur un principe fondamental étant celui de l’inclusion. De nombreux textes de lois ont été rédigés pour appuyer cette volonté qu’est la nôtre.

La loi n°2005-102 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées comprenait tout un volet consacré à l’éducation et à la scolarisation des enfants en situation de handicap. Elle stipule que l’école est rendue obligatoire pour tout enfant en situation de handicap et prévoit en cela des aménagements spécifiques.

La Circulaire n°2011-220 du 27 décembre 2011 spécifie que les candidats en situation de handicap qui se présentent aux examens de l’enseignement scolaire bénéficient des aménagements rendus nécessaires par leur situation. Ces aménagements passent alors aussi, si tel est jugé nécessaire, par l’adaptation des supports des épreuves.

Ce que la situation actuelle démontre est que, si des dispositions gouvernementales ont été prises, leur mise en pratique témoigne aujourd’hui de failles. Ces failles viennent mettre à mal notre volonté d’inclusion de ces enfants et adolescents en situation de handicap ainsi que leur réussite scolaire. Leur confiance en eux et leur estime de soi est en ce sens fragilisée. Nous ne pouvons décemment pas, en 2022, laisser de tels schémas se répéter. Dans de telles circonstances, ce n’est non plus leurs déficiences mais notre manque de vigilance qui est responsable de l’accroissement du risque d’échec scolaire.

Nous demandons, dès lors, une nouvelle prise d’initiatives pour qu’une erreur ne puisse être répétée. Ce que nous demandons concrètement est l’obligation et la systématisation de l’adaptation des sujets premiers et de secours et ce, pour chaque diplôme. Nous demandons que des sanctions soient prévues, le cas échéant, en cas de manquement à cette injonction. 

Pour citer Aldo Leopold : “Ce dont la jeunesse a besoin, c'est qu'on lui dise qu'il y a un bateau en construction dans sa propre cale sèche mentale, et que ce bateau est destiné à prendre la mer.” Il est alors de notre devoir de soutenir ces adolescents dans leur réussite et l’aboutissement de leurs projets. Je sais dès à présent que vous entendrez mon propos et, pour cette raison, je vous en saurai gré.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de la République, Monsieur le Ministre de l’Education Nationale, l’expression de mes salutations distinguées.

                                Léa VICENT