Pas + de vacances mais + de sens dans les Hautes Ecoles pédagogiques !

Pas + de vacances mais + de sens dans les Hautes Ecoles pédagogiques !
Pas + de vacances mais + de sens dans les Hautes Ecoles pédagogiques !
La chose semble acquise : l’école est fondamentale ! Depuis le discours de notre Reine Mathilde qui affirmait qu’ « Investir dans l'éducation exige un engagement concerté de plusieurs acteurs. [1]» jusqu’à cette crise Covid où les enseignant·e·s ont assuré la continuité de cette mission ; depuis le Pacte d’excellence jusqu’à la Réforme de la Formation Initiale (RFIE) des futur·e·s enseignant·e·s, on ne peut nier l’importance grandissante de l’enseignement pour préparer les citoyens belges et européens de demain.
Pour beaucoup, la réforme des rythmes scolaires dans l’enseignement obligatoire n’est qu’un énième débat d’école. D’ailleurs, il suffit d'évoquer le sujet des congés des enseignant·e·s pour que la méfiance s'installe…
Seulement, comme pour tous les métiers, les choses sont complexes et cette réforme aura un impact important sur la formation des étudiant·e·s et le personnel des Hautes Ecoles Pédagogiques. Ces dimensions n’ont pas été intégrées ni dans la réflexion autour des rythmes scolaires ni dans la décision de désynchronisation du calendrier de l’enseignement supérieur (hautes écoles et universités) par rapport à celui de l’obligatoire (maternel, primaire et secondaire). Malheureusement, cela risque de mener à une diminution de la qualité de la formation des enseignant·e·s alors même qu’une réforme de ces formations est en cours d’élaboration !
Impact au niveau de la formation pédagogique
Il y a quelques mois, le texte de la réforme de la formation initiale des enseignant·e·s a été revu pour y intégrer un stage long se déroulant sur plusieurs semaines.
En parallèle, la réforme des rythmes scolaires va être mise en place et Mme la Ministre Glatigny a annoncé récemment que le calendrier de l’enseignement supérieur ne serait pas modifié. Même si l’essentiel du secteur de l’enseignement supérieur se réjouit de ce statu quo, les formations en Hautes Ecoles Pédagogiques sont fortement impactées par cette décision puisque leur terrain d’apprentissage professionnel est justement l’enseignement obligatoire !
Avec cette désynchronisation de calendrier, il ne sera plus possible d’organiser un stage long comme auparavant. Les étudiant·e·s verront soit leurs stages être morcelés avec des interruptions par des semaines de cours (ce qui rend difficile la découverte d’une école dans la durée pour les étudiant·e·s et l’organisation avec les maîtres de stages beaucoup plus complexe), soit le nombre de semaines effectives de stage diminuera. Cela impactera donc directement la qualité de la formation des futur·e·s enseignant·e·s. Ce qui n’est pas envisageable au vu des exigences de la réforme à venir de la formation de nos futur·e·s enseignant·e·s ! Sans stages longs et de qualité, les élèves de demain seront impactés !
A ce jour les différentes réflexions sur les calendriers n’aboutissent qu’à des solutions boiteuses qui dénaturent ces stages pourtant indispensables pour le développement de compétences professionnelles. Toutes ces réformes ont un but noble, efficace et ne devraient pas nous conduire à de nouveaux bricolages !
Au niveau des membres du personnel des Hautes écoles pédagogiques.
La formation des futur·e·s enseignant·e·s nécessite également des compétences spécifiques pour les formateurs et formatrices. Il est entre autres nécessaire d’avoir des professionnel·le·s avec une expertise de terrain, ceci afin de garantir une formation de qualité.
En Haute Ecole Pédagogique, de nombreuses et nombreux enseignant·e·s travaillent dans l’obligatoire et dans le supérieur. La proportion de ces enseignant·e·s est importante dans les départements pédagogiques étant donné l’engagement de maitres de formation pratique issus du terrain ainsi que d’autres enseignant·e·s travaillant à temps partiel sur les deux niveaux d’enseignement. Ces membres du personnel ne pourront quasiment plus être en congé entre Noël et juin. De plus, ces enseignant·e·s ne pourront plus être en congé en même temps que leurs enfants. Rappelons que, certes les enseignant·e·s ont 5 à 6 semaines de congé par an (les enseignants ne sont pas payés durant les mois de juillet et août) mais ils ne peuvent pas les choisir. Quel non-sens de devoir travailler pendant que les enfants sont en congé et d'être en congé pendant qu'ils doivent aller à l'école !
Cela ne va pas permettre de garder, à terme, des personnes avec une expertise de terrain car il est clair que ces personnes ne voudront plus être à cheval sur deux systèmes de congés (calendrier du supérieur et calendrier de l’obligatoire). La réforme des rythmes scolaires a donc un impact plus large qui n’a pas été pris en considération car les ministres aux commandes ne sont pas les mêmes. Madame Désir au PS vise une réforme des rythmes scolaires et des congés en maternelle, primaire et secondaire alors que Madame Glatigny au MR n’envisage pas pour le moment de calquer les calendriers des départements pédagogiques avec cette réforme.
Pour les départements pédagogiques, nous demandons, à tout le moins, une dérogation pour pouvoir choisir le placement des congés scolaires des enseignant·e·s et étudiant·e·s en formation pédagogique afin de permettre une adéquation entre le calendrier des départements pédagogiques et le calendrier de l’enseignement obligatoire comme c’était déjà le cas avant 2000 !
Cette dérogation pour le pédagogique est indispensable pour permettre de conserver la spécificité des formateurs et formatrices ayant une expertise de terrain tout en leur offrant un cadre de vie acceptable mais aussi garantir une formation de qualité avec un nombre d’heures de stage adéquat et une organisation permettant le développement des compétences attendues. Notre enseignement mérite cela, nos demandes ne sont ni démesurées ni coûteuses … Et si pour une fois le terrain était entendu ?
Christophe Jambers (Maitre assistant à la Haute Ecole Galilée) et Nathalie Galland (directrice adjointe du département pédagogique de la Haute Ecole Galilée)
[1] Sa Majesté la Reine Mathilde (04/06/2015), Journées européennes du Développement - Une éducation de qualité, in https://www.monarchie.be/fr/agenda/journees-europeennes-du-developpement-une-education-de-qualite