RATP: la liberté des femmes n’est pas négociable

RATP: la liberté des femmes n’est pas négociable
Lettre ouverte à
Mme Catherine Guillouard, PDG de la RATP,
Mme Elisabeth Borne, Ministre chargée des Transports,
Mme Marlène Schiappa, Secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations.
Mme Anne Hidalgo, Maire de Paris,
Mme Valérie Pécresse, présidente du Conseil Régional d’Île-de-France.
Les dangers de l’islamisme
Depuis plusieurs années, sous la pression d’un courant islamiste qui monte en puissance, un processus d’érosion de nos valeurs universalistes, laïques et républicaines est en cours.
L’islamisme est une excroissance politique totalitaire de l’islam visant à imposer partout un ordre du monde clos, ostentatoire, prosélyte et intolérant dont les valeurs et les habitus, en usage dans les théocraties islamiques, sont aux antipodes de ceux adoptés par les pays occidentaux. Il vise à s'imposer aux citoyens musulmans via un ensemble très contraignant de prescriptions et d’interdictions intégristes qui enferment de façon exhaustive leur identité et l’ensemble de leur vie, les mettant fréquemment en opposition avec les valeurs et coutumes des pays de tradition séculière ou laïque dans lesquels ils vivent.
L’islamisme s’impose via une idéologie dont la puissance d'influence et de formatage repose sur une légitimation religieuse autoproclamée, originaire de dictatures théocratiques, transmise au moyen de mosquées, prêches, livres, congrès, rencontres, sites internet, écoles coraniques, instances de lutte contre l’islamophobie, etc. sous l’aile protectrice de nombre de mouvements, syndicats et partis politiques nationaux, soit que par ignorance des réalités de l'islamisme ils le confondent avec l'islam, soit qu’ils voient dans ces replis communautaires une potentielle ressource clientéliste ou électorale non négligeable.
La montée des conflits
L'entrechoc est violent sur des sujets aussi capitaux que l’égalité des hommes et des femmes, la mixité, l’homosexualité, la liberté de conscience (qui implique le droit de ne pas avoir de religion et le droit d’en changer), la laïcité (qui implique la reconnaissance, dans les espaces partagés, d’une citoyenneté définie par le commun, c’est à dire le plus possible délestée des appartenances, intérêts et attributs communautaires ou religieux).
Les conflits se multiplient au fur et à mesure de l’accroissement des signes ostentatoires, accroissement qui rend visible l’infiltration et la montée en puissance de l’islamisme dont le voile prétendument islamique est le signe et l’index privilégié. L’islamisme utilise cet uniforme de nature sexiste et prosélyte dans le but de contrôler le corps et la sexualité des femmes et de saturer l’espace visuel public par des signes ostensibles, qui donnent aux citoyens laïques (musulmans comme non musulmans) largement majoritaires dans notre pays, le sentiment de perdre tout repère familier, voire de ne plus être chez eux. Les islamistes utilisent de surcroît l’instance judiciaire et la notion fourre-tout d’islamophobie dans le but de faire taire les récalcitrants qui oseraient vouloir que leur pays demeure une terre laïque et républicaine, ouverte à toutes les cultures mais non multiculturelle, admettant tous les cultes à condition qu’ils s’exercent dans la spiritualité et les espaces-temps réservés à cet effet, et qu’ils respectent le socle de valeurs communes à tous, en accord avec la Loi de la république.
Les femmes sont pleinement des êtres humains et des citoyennes libres
Il faut le souligner : la signification du voile dit islamique, comme l’ont analysé des hommes et des femmes de culture et de foi musulmane, va bien au delà de la motivation des femmes qui le portent. Il signifie qu’une femme est une proie qui doit cacher sa féminité pour se préserver des pulsions masculines prédatrices. Il implique, comme l’a clamé sans détour Hani Ramadan, qu’une femme voilée est respectable alors qu’une femme non voilée «passe de main en main comme une pièce de deux euros». Selon une telle logique, une femme libre qui ne cache pas ses cheveux, son cou, ses bras, ses jambes, parfois l’entièreté de ses formes, voire même son visage, pourrait donc être admonestée, remise dans le droit chemin, traitée comme une proie ou comme une moins que rien [(1), (2), (3), (4), (5)].
C’est la mise en œuvre de cette logique dont se plaint une jeune femme française, Mme Élise Bencheikh, postée à un arrêt de bus le 30 avril. Ce soir-là, elle portait une jupe au dessus des genoux, et le chauffeur du bus de la RATP aurait refusé de lui ouvrir les portes du véhicule en lui disant qu’elle n’avait qu’à bien se vêtir . Le chauffeur de bus, dont on ne connaît pas l’identité pour l’instant, et qui avait d’abord concédé une faute de service (6) a porté plainte contre la plaignante et son père, recourant à la Justice, au lieu de laisser la RATP régler cette affaire. Son avocat a en effet adressé le jeudi 9 Mai 2019 au parquet de Paris une plainte pour «discrimination sur le fondement de l'appartenance, vraie ou supposée, à une religion déterminée» ainsi que pour «dénonciation calomnieuse» et pour «faux et usage de faux» (7).
De son côté la plaignante, Mme Élise Bencheikh, maintient sa version des faits qui n’a jamais varié au cours du temps, tout simplement parce que, selon elle, elle correspond strictement aux faits tels qu’ils se sont produits [voir son témoignage à visage découvert (8) et les articles qui en ont rendu compte [(8) (9) (10) (11)].
Le comportement du chauffeur d’autobus, s’il était avéré, relèverait d’un abus de pouvoir qui a déjà été décrit et dénoncé dans différents lieux. Il puise directement dans l’idéologie islamiste (l’islam politique) qui limite la mixité en séparant les hommes et les femmes par des barrières étanches et établit la domination des hommes sur les femmes [(12), (13)]. Un tel type de comportement, il faut le préciser, n’est en aucun cas conforme à la foi musulmane, ce n’est pas une affaire de religion, mais il obéit aux injonctions de l’intégrisme islamiste, que M. Kamel Bencheikh connaît très bien pour en avoir vécu les affres en Algérie.
Il serait inadmissible qu’il puisse être mis en œuvre dans la France actuelle. Il est également inadmissible qu’un délégué CGT de la RATP, contre tout principe éthique et déontologique, ait ouvertement et publiquement, sans l’ombre d’une contradiction ni d’un doute, pris parti pour le chauffeur dans une version qui tente de discréditer la plaignante et son père (14).
Mme Élise Bencheikh ne veut pas instrumentaliser la Justice et les tribunaux (déjà saturés) en cherchant à obtenir une sanction judiciaire dans une affaire d'ordre éminemment moral et politique.
Nous nous joignons à elle pour demander instamment à la RATP, E.P.I.C. en grande partie financé par de l’argent public et responsable du recrutement et de la formation de ses agents, de mener une enquête contradictoire, et (dès lors que les faits qu’elle décrit auront été avérés) de lui présenter des excuses, de prendre les sanctions qui s’imposent et de veiller désormais à ce que ne se renouvelle pas ce type de comportement inadmissible et insupportable.
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Références
(1) Chahdortt Djavann (2006) Bas les voiles! Folio
2) Zineb El Rhazoui (2016).Détruire le fascisme islamique : document, Ring.
(3) Chahdort Djavann (2018). Comment lutter efficacement contre l’idéologie islamiste. Éditions du livre de Poche
(4) Jeannette Bougrab (2019) Lettre aux femmes voilées et à ceux qui les soutiennent. Éditions du Cerf
(5) Fatiha AGAG- BOUDJAHLAT (2019). Combattre le voilement : Entrisme islamiste et multiculturalisme. Éditions du Cerf.
(7) Le témoignage d’Élise Bencheikh : https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/refusee-d-un-bus-a-cause-de-sa-jupe-la-jeune-femme-maintient-sa-version-1160927.html
(8) «La passagère refusée dans un bus veut que «la vérité soit dite»" : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/la-passagere-refusee-dans-un-bus-veut-que-la-verite-soit-dite-20190513
(9) Le Point - RATP : la passagère refusée dans un bus maintient sa version.Si elle ne compte pas porter plainte, la jeune femme, qui assure avoir été refusée d'un bus de la RATP parce qu'elle portait une jupe, maintient sa version. https://www.lepoint.fr/tiny/1-2312312
(10) https://www.causeur.fr/chauffeur-bus-ratp-mini-jupe-islamisme-161334
(11) "Femme refusée d’un bus: «Ne cédons pas l’espace public aux islamistes!»" : http://www.lefigaro.fr/vox/societe/femme-refusee-d-un-bus-ne-cedons-pas-l-espace-public-aux-islamistes-20190506
(12) Mohamed Louizi (2016). Pourquoi j’ai quitté les Frères Musulmans. Michalon
Premiers signataires
Nadia Agsous, écrivaine
Bouziane Ahmed-Khodja, écrivain
Karim Akouche, écrivain
Hélène Aït-Latapie
Joël Albert
Joëlle Allouche
Sadia El Ardi
Moussa Amrouchi
Hamid Arab, directeur de rédaction
Amira Atallaoui designer
Samuel Atlani
Isabelle Aurérin
Daoud Azam Daimoussi
Keltoum Azzoug, secrétaire juridique
Mounira Baccar, fonctionnaire UNESCO
Yamina Baïr, journaliste
Eléonore Batty
Rachida Belkheir
Messaoud Belmokhtar
Nacir Bencheikh
Fewzi Benhabib, militant laïque
Mohamed Benmehdi, garagiste
Naïma Bentchicou, pharmacienne
Latifa Bermes, plasticienne
Danièle Bertrand
Nathalie Bianco
Mehdi Bioud
Marine Blake
Josiane Blot
Pascal Bouchet Spiegel, professeur
Rachid Boudia, régisseur
Karim Boudra
Lucie Bourassa, Professeur titulaire université de Montréal
Virgil Brill
Marie-Laure Brossier
Laëtitia Buisson-Rivière éducatrice
Sophie Burin
Sarah Cattan
Blandine Cavier
Christine Cerrada
Stéphane Chapel
Catherine Chassagne
Nicole Chassin
Elisabeth Chaudanson
Sylvie Chaussée-Hostein
Cyril Chevrot
Annie Cohen Malka
Denis Collin philosophe
Brigitte de Coninck militante laïque et féministe
Denis Cordat
Paul-Henri Courtois
Yasmina Dadi, couturière
Jenny Dehertog
Sandrine Delgallo
Dominique Delhomme
Fatiha Delli, commerciale
. Elsa Derman-Donsimoni
Manette Devaux, retraitée
Dinah Douïeb, musicienne
Stéphanie Leïla Dupont
Habiba Drid
Cathy Leïla Driss, professeur de piano
Jacques Druet, retraité
Stéphane Duroyaume
Patrick Feldstein
Ferhat Fergani
Céline Florentino
Aristotellis Follet
Danièle Fouchier anthropologue CNRS
Catherine Gaillard militante laïque
Eric Gespach
Nora Ghayou, infirmière
Marie Odile Gillard
Veronique Giudicelli
Jacqueline Goffin, psychanalyste, citoyenne féministe Bruxelles
Patrice Gohier
Jean Gomez, consultant formateur indépendant
Omar Gousmi
Samir Graïne, informaticien
Mohamed Guerroumi
Michèle Gros
Elisabeth Guerrier
Sihem HABCHI, présidente du Prix Simone de Beauvoir et ancienne présidente de Ni putes Ni Soumises
Nadia Hamrouchi
Michael Hasselin
Khalil Hebib
Anne Heudebourg
Zakia Hidouche, enseignante
Marie Ibn Arabi
Fred Jazny
Alexis Jenni, écrivain, prix Goncourt 2011
Michèle Jullian
Dominique Kaabi, universitaire
Mohamed Kacimi, Écrivain
Catherine Kahn
Samy Khelfoun, informaticien
Judith Klimt
Rania Laggoune
Christine Lapierre, retraitée
Leila Latrache, chercheur
Mounia Latrache, kinésithérapeute
Abbés Lazreg,retraité
Rosemonde Léger
Marianne Légier
Anne Légier-Desgranges
Céline Lelong
Capucine Lemaire, journaliste
Corinne Leriche
Stéphane Levavasseur, enseignante
Mohamed Louizi
Wassila Ltaïeg, avocate
Yves Lusson, intervenant en thérapie sociale
Fadila Maaroufi
Jean-Luc Marchand, avocat
Malika Marchouch
Adlène Meddi, écrivain
Samira Merbah, ingénieur
Nadia Merzougui, retraitée
Nadège Moha
Catherine Moreau
Marie-Aude Morin
Hervé Nakache
Magali Palatan
Gérard Pandolfo
Pascale Peron, assistante de gestion
Jean Petrilli
Sylvie Pilot
Céline Pina
Caroline Pinet
Estephania Pinho
Monique Plaza
Sandrine Plaza
Agnès de Préville
Manu Rabin
Yann Rayon musicien
Marie-Elisabeth Rechnitzer
Nadia Remadna
Renaud Ricadat
Rémi Richelet
Nadine Richon, cofondatrice du Réseau Laïque Romand
Françoise Rioux
Boualem Sansal
Hubert Sage
Souad Sahel, artiste peintre
Claude Sauton
Alice Schwarzer, féministe allemande, directrice de la revue EMMA
David Serra
Agnès Setton médecin militante féministe
Thierry Seveyrat
Khaled Slougui
Assia Smail
Goudane Smain chauffeur professionnel
Chantal de Spiegeler
Laurence Sormani Susini
Asma Talbi, architecte
Wassyla Tamzali, féministe algérienne
Therry Ternisien d’Ouville
Pascal Tesson
Sylvie Tesson
Florence Thepault, retraitée
Semira Tlili
Philippe-Emmanuel Toussaint, enseignant chercheur et militant laïque
Pierre-Rodophe Tran-Van
Florence Valtat
Beatrice Varain, retraitée
Agnès Veillard
Michèle Venard
Michel Vigné
Hélène Vincent
Jean-Louis Vincent, comptable
Dominique-Eve Weil
Radia Yanat
Zohra Zaïdi