Pour un alignement des statuts de l'enseignement public du supérieur en art et en design
Pour un alignement des statuts de l'enseignement public du supérieur en art et en design
L'importance de cette pétition
Nous sommes en décembre et cette année encore, déplorons que la réforme des statuts des enseignant·es des écoles supérieures d'art territoriales n’ait pas avancé significativement.
Les députées de la mission flash ont bien signalé en 2019 que le statut des PEA n’est pas adapté à nos missions et ne reflète pas notre véritable niveau de qualification. La description des missions est inexistante, l’impossibilité réglementaire d’annualiser le temps de travail en inadéquation avec les pratiques de l’enseignement supérieur (temps de travail par ailleurs inégal), et l’absence de mission ou de congé recherche problématique alors que l’on nous suggère de plus en plus de postuler à des projets IDEX, ANR ou PIA4. Enfin, le différentiel de salaire est considérable avec nos collègues des écoles nationales (entre plus de 95 000 € et plus de 115 000 € de salaire brut cumulé sur 20 ans de carrière pour un enseignant de classe normale suivant que l’on intègre ou pas les primes ISOE).
Nous avons pu échanger avec la mission des inspections générales (de la culture, de l’enseignement supérieur et de l’administration), et si nous considérons qu’il y a eu une réelle écoute et que la perspective d’un rendu de leurs travaux pour janvier 2022 posera probablement un jalon, nous sommes obligé·es de constater qu’in fine la décision ne pourra être que politique. Celle-ci ne pouvant résulter que d’un accord financier entre nos tutelles territoriales et l’État, et ce, quel que soit le scénario retenu.
Depuis 20 ans que le décrochage statutaire existe avec nos collègues des écoles nationales d’art, aucune mobilisation n’a réellement permis de faire avancer ce dossier. Les ministres passent, les rapports s’entassent, les interpellations s’accumulent et nous sommes probablement trop responsables vis-à-vis de nos étudiant·es et de nos écoles pour oser mettre en danger les examens d’entrée ou les diplômes comme cela est régulièrement évoqué ou proposé.
La HEAR faisant partie de la vague C de l’évaluation HCERES, et après discussion, l’ensemble de l’équipe pédagogique des sites d’art plastique de l’établissement a décidé de refuser l’expertise HCERES et ne participera pas à l’élaboration du dossier tant que notre statut ne sera pas aligné sur celui de nos collègues des écoles nationales. Si le dossier d'évaluation était néanmoins envoyé par la direction, alors nous signalerions notre refus de l’évaluation aux équipes d’évaluateurs, qui doivent systématiquement rencontrer les équipes pédagogiques en autonomie.
Nous ne remettons pas formellement en cause le HCERES qui fait un travail conséquent d’évaluation et de retour critique sur les établissements et les formations. Le travail sur les produits de la recherche a permis de mieux prendre en compte un certain nombre de nos productions (œuvres d’art, installations, performances, commissariat d’exposition, prototypes, corpus et bases de données, activités éditoriales, etc.) et c’est une avancée certaine quant à nos pratiques.
Mais pourquoi accepterions-nous d’être évalué·es au titre de l’enseignement supérieur quand on nous en refuse les statuts ? L’impossibilité d’annualiser le temps de travail nous empêche de réformer efficacement notre pédagogie selon des attendus de l’enseignement supérieur. L’absence de mission de recherche dans nos statuts fait que nous ne serons pas concerné·es par le décret recherche à venir et tout ce qui en découlera, et qui ne concernera à nouveau que les enseignant·es des écoles nationales et accentuera une fois de plus le décrochage.
Depuis 10 ans et l’adoption du statut d’EPCC (statut créé en 2002), nous avons fait le travail de réforme et d’adaptation pour hisser nos diplômes aux standards licence et master, permettant une meilleure circulation des étudiant·es à l’échelle nationale et internationale. La qualité des mémoires écrits et réalisés en écoles d’art est régulièrement saluée. L’adoption de ce format d’établissement devait « doter d’un statut opérationnel les grandes institutions culturelles d’intérêt à la fois local et national », mais nous ne pouvons décemment continuer à travailler pour un système qui n’en reconnaît pas ses acteur·rices essentiel·les.
L’éventualité que les établissements concernés puissent perdre leur accréditation et leur habilitation à délivrer des licences et des masters est réelle ; et cela poserait des difficultés pour les équivalences des étudiant·es. Mais nous ne pouvons que mettre les politiques face à leurs responsabilités et les interroger sur les ambitions réelles qu’ils et elles ont pour un enseignement supérieur public de la création en art et en design.
Nous invitons tou·tes les collègues des écoles territoriales, mais aussi nationales, concernés par la vague C de l’évaluation, à adopter la même position. Nous engageons celles et ceux des autres vagues, déjà évalué·es ou évalué·es à venir, à soutenir cette légitime demande d'alignement de nos statuts. Et plus largement les acteurs et les actrices du monde de la création qui se reconnaissent dans cette problématique.
Cette pétition vous permettra de signifier votre adhésion et votre engagement pour que les conditions d’enseignement des écoles supérieures publiques de la création en art et en design soient enfin unifiées.