Monsieur le Président de la République,

Je vous écris dans ce contexte électoral pour vous faire part de mes inquiétudes et surtout de ma colère sourde au sujet de l'inaction de l'Etat vis-à-vis du réchauffement climatique. 

Comme vous l'avez sans nul doute entendu, le dernier rapport du GIEC en date du 4 avril nous laisse 3 ans pour agir de manière radicale sur notre mode de vie, pour "bifurquer" pour reprendre les mots de M. Mélenchon et ne pas dépasser les 1.5°c de réchauffement d'ici 2030. Nous savons qu'il y aura des répercussions importantes qu'on le veuille ou non même si on agit intelligemment et du mieux qu'on peut maintenant. Avec un programme tel que le vôtre, nous sommes sur une trajectoire à 2.5°c voire 3°c. 

Les mesures que vous avez proposées au cours de ce quinquennat n'ont pas répondu à l'urgence du réchauffement climatique. Je peux dire que l'action à ce niveau est très décevante. Vous avez dit qu'un gouvernement n'a jamais autant fait pour le climat, je crois que cela a plutôt illustré à quel point les lobbys étaient puissants et influents : le glyphosate sur lequel vous êtes revenu, la convention pour le climat, la multiplication des aides au secteur aérien, le maintien des subventions européennes à l'agriculture intensive...

Comme vous pouvez le constater, je crains que vous soyez le président des lobbys industriels, le président qui n'a pas su imposer des mesures nécessaires pour le bien commun. Et en même temps, j'ai également conscience que la tâche de Président de la République n'est pas aisée et que vous recevez des pressions de toute part. Mais je crois que celles qui penchent le plus dans la balance à la fin sont celles des lobbys industriels. 

En 2017, je vous avais donné mon vote. A l'époque, je m'étais dit, même si je ne me faisais pas d'illusion sur les politiciens en général, que vous sembliez dans une logique différente qui sembler dépasser le clivage gauche ou droite. Je trouvais qu'il y avait des idées intéressantes à droite et à gauche, là où certains y voyaient une incompatibilité totale. Je pensais que vous pouviez sortir de ça pour essayer de proposer le meilleur des deux. Après un quinquennat, je n'ai pu que constater cet échec et celui de l'ambition écologique de la France pourtant si importante.

Concernant votre programme, il ne fait malheureusement pas mention de la nécessité de réduire drastiquement notre consommation de viandes qui est un problème à plusieurs niveaux : besoin en eau des animaux important, utilisation de céréales qui pourraient être utilisées pour l'alimentation et qui en plus sont issus de producteurs polluants, problème de santé publique liée à la consommation de viandes de manière trop régulière... 
Vous ne parlez également pas du secteur aérien qui est largement soutenu par l'Etat et qui doit, dans l'avenir, prendre moins de place si on veut espérer respecter les accords de Paris.
Vous ne parlez pas non plus de la nécessité de mettre en place une économie plus circulaire, de lutter contre l'obsolescence programmée et du refus des industriels de proposer des produits plus réparables et plus solides.
Vous vous contentez d'évoquer rapidement l'énergie et la technologie qui ne suffiront pas à respecter les accords de Paris sans sobriété et réorganisation de l'économie et de la société.

Il existe une pléthore de solutions face aux enjeux climatiques et environnementaux. Cependant, cela demande de repenser notre modèle de société. Beaucoup d'initiatives citoyennes et entrepreneuriales existent. Le shift project a par exemple proposé des guides classés par secteur pour les décideurs afin de transformer l'économie. Le GIEC propose aussi des solutions.

Je veux vous faire part aussi de cette colère et de ce désarroi des jeunes, et des moins jeunes, face à cette absence de décision radicale alors que les enjeux n'ont jamais été aussi importants. Beaucoup de jeunes sont hésitants à vous donner un vote car ils sont en colère contre l'inaction du gouvernement Macron. Je vois cette tentation que je partage aussi de ne pas vous donner le bulletin de vote malgré les conséquences que cela peut engendrer. Je ne veux pas cautionner votre inaction climatique et je ne veux pas voter pour l'extrême droite. Et ce dilemme est présent pour de nombreux français.

Je vous enjoins, Monsieur Macron, à réajuster les priorités pour le climat. Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités, pour citer un fameux super héro. 

Je vous prie de recevoir, Monsieur le Président de la République, mes respectueuses salutations.

Un citoyen