Libérez Ghassen Ben Khelifa !

Libérez Ghassen Ben Khelifa !
Pourquoi cette pétition est importante
Journaliste tunisien professionnel, rédacteur en chef du journal en ligne Inhiyaz, Ghassen Ben Khelifa a été arrêté par la police à son domicile tunisois mardi 6 septembre. Une douzaine d’agents en civil de la brigade de lutte contre la criminalité ont alors effectué une perquisition chez lui et dans la maison de sa mère, saisissant ses ordinateurs, ses téléphones et ses effets personnels. Le ministère de l’Intérieur a par la suite annoncé que M. Ben Khelifa resterait détenu cinq jours, dans le cadre d’une enquête conduite par le pôle judiciaire anti-terroriste.
Opposant historique à la dictature de Ben Ali, journaliste réputé pour son sérieux, très engagé à gauche depuis plus d’une décennie, compagnon de tous les combats démocratiques et sociaux : M. Ben Khelifa mérite et revendique publiquement tous ces qualificatifs. Aucun parmi eux ne justifie en revanche qu’il soit entendu dans le cadre d’une procédure anti-terroriste.
D’après ses avocats, une salve de questions a été posée à M. Ben Khelifa : selon les enquêteurs, il serait l’administrateur d’une page Facebook favorable à Ennahda, qui appelle au renversement du président Kais Saied par l’armée tunisienne. C’est sur ce point, et uniquement sur celui-là, qu’il a été longuement interrogé. Quiconque connaît les engagements de M. Ben Khelifa ne peut que sourire à de pareils soupçons de complicité avec l’islam politique…
Pourtant, la façon arbitraire dont l’enquête est menée révèle sa nature réelle : dans un pays qui connaît actuellement un raidissement autoritaire sous l’égide de son président Kais Saied, M. Ben Khelifa dérange profondément. Voici plus d’un an en effet qu’il est intimidé, poursuivi, insulté, menacé sur le terrain et à travers les réseaux sociaux, pour son travail de documentation d’une dictature qui se remet en marche dans une indifférence quasi-générale. Ses détracteurs se revendiquent publiquement du nouveau chef de l’Etat, qui vient par cette procédure d’exception de frapper une figure majeure de ses opposants.
M. Ben Khelifa n’entretient pas plus de lien avec le terrorisme qu’avec l’islam politique. Il est un journaliste professionnel, dont l’intégrité, les engagements et le sérieux sont l’honneur de la profession.
La procédure actuellement engagée contre lui est une atteinte sans précédent à la liberté de la presse en Tunisie, et un très mauvais signal pour toutes ses consœurs et confrères. Elle vise à bâillonner les journalistes qui auraient l’idée de faire leur travail, et ne se résignent pas à une lecture des faits conforme à celle délivrée par le Palais de Carthage.
Nous sommes entièrement solidaires avec M. Ben Khelifa et demandons sa libération immédiate.
Son combat est le nôtre.
PREMIERS SIGNATAIRES :
Mohamed BEN SAID (militant associatif)
Guillaume BERNARD (journaliste, Rapports de Force)
Mouhieddine CHERBIB (défenseur des droits humains)
Géraldine DOUSSIER (journaliste, TF1)
Frédéric GARGAUD (journaliste, L’Humanité)
Jean-Pierre GARNIER (sociologue)
Raphaël GODECHOT (journaliste indépendant)
Clémence GUETTÉ (députée LFI du Val-de-Marne)
Kamel JENDOUBI (ancien ministre, défenseur des droits humains)
Frédéric LORDON (philosophe, économiste)
Philippe POUTOU (porte-parole du NPA, ancien candidat à la présidentielle)
Simon RODIER (journaliste, TV5 Monde)
Messaoud ROMDHANI (militant des droits de l’homme)
François RUFFIN (député LFI de la Somme)
Ludovic SIMBILLE (journaliste indépendant)
Pierre SOUCHON (journaliste, écrivain)