Réponse de l'APPOP au rapport de l'IGAS

Réponse de l'APPOP au rapport de l'IGAS

Lancée le
8 mars 2020
Adressée à
IGAS/ ministère de la santé
Signatures : 5 946Prochain objectif : 7 500
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Pourquoi cette pétition est importante

Lancée par APOP

Nous, psychologues-psychothérapeutes cliniciens formés à notre profession dans les Universités françaises, tenons à vous faire part de notre indignation face aux conclusions insultantes et inadmissibles du rapport de l’IGAS.

Nous n’acceptons pas, alors que nous sommes cadres de catégorie A, alors que nous sommes diplômés d’un Bac+5 (Master 2 ou DESS) en psychologie (souvent complété par d’autres diplômes), obtenu après un parcours ultra-sélectif, alors que nous sommes inscrits dans des groupes de supervisions et d’intervisions avec nos pairs, alors que nous sommes engagés dans des parcours de formations continues tout au long de notre exercice, d’être traités avec tant de mépris.

Nous ne sommes ni des paramédicaux, ni réductibles à des professionnels de santé. La psychologie est une science humaine. Durant cinq années, nous avons reçu des enseignements de neurobiologie, de statistiques, de langues, de psychologie développementale et cognitive, de psychologie sociale, de psychologie clinique, de psychopathologie clinique et psychanalyse. Un grand nombre de ces enseignements sont absents du cursus de formation des médecins. Le soin psychique que nous apportons à nos patients ne saurait être prescrit par un médecin qui n’est, ni par sa formation, ni par sa fonction, en capacité de nous prescrire des séances de psychothérapie, d’en mesurer l’efficacité et d’en estimer la fréquence et la durée. Si les médecins ont bien une formation sérieuse et une compétence en (psycho)pharmacologie d’où ils tirent toute légitimité aux prescriptions de molécules psychotropes, d’où tireraient-ils une quelconque légitimité à prescrire des psychothérapies ? Nous constatons que jamais leur formation ne porte en profondeur sur le « principe actif » de l’efficacité psychothérapique. Comment pourraient-ils prescrire efficacement cette pratique sociale si singulière alors qu’ils n’en ont qu’une vague idée ?

Notre profession est aussi là pour rappeler énergiquement que le psychisme n’est pas une maladie virale ou bactérienne que l’on éradique à l’aide d’une molécule ; que la personne humaine exige d’être respectée dans sa dimension psychique (art. 2 de notre Code de Déontologie). Nous sommes parmi les garants des derniers espaces où l’être humain puisse encore se penser librement au sein de notre société. Nous soutenons la subjectivité de nos patients et les accompagnons dans leur individuation. Or, l’approche suggérée par le rapport de l’IGAS, plutôt que de faciliter notre travail de cliniciennes et cliniciens, le complique et le menace. La psychologie clinique ne peut en aucun cas aborder l’être humain, sa singularité, son originalité, sur le mode du protocole de soin qui établit par avance le nombre, la fréquence et la durée des séances qui serait la même pour chaque individu. Ce serait antinomique avec la démarche clinique du cas par cas. L’efficacité psychothérapique des approches cliniciennes (principalement psychodynamiques) est régulièrement établie par les études comparatives ; cette efficacité tient notamment à la sensibilité clinique et l’adaptation du cadre psychothérapique à chaque situation. Les pouvoirs publics veulent-ils vraiment mettre en danger les leviers de notre efficacité ? Nos patients ne sont pas des bêtes que l’on conditionne. Nous refusons de les traiter en masse comme du bétail selon les algorithmes décisionnels que préfigure le rapport de l’IGAS.

Les conclusions de L'iGAS nient la totalité du code de déontologie du psychologue et sa liberté d’exercer selon son éthique, sa formation, son orientation et sa vision clinique. Elles menacent la prise en compte et l'accueil de ce qui fait la spécificité de chaque patient dans ses difficultés existentielles.
Nous soulignons l'ironie de la situation : les rapporteurs de l'IGAS veulent donner plus de poids à notre Code de Déontologie pour qu'il soit opposable en cas de dérive. Nous les prenons au mot et leur opposons que dans le respect de notre déontologie, nous ne saurions accepter des démarches standardisées s'opposant mécaniquement à la reconnaissance de ce qui fonde notre humanité : la singularité de chacun !

Association de Psychologues Psychothérapeutes d'Orientation Psychanalytique (APPOP)

 

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