Lettre ouverte au Président de la République,

Vous avez, lors de votre dernière allocution télévisée renouvelé le vœu d'une France forte et unie. D'une France au travail. Et pour cela, vous parlez d'éducation et de formation. Avez-vous pensé un seul instant qu'un enfant n'aura aucun goût à l'école dés lors que rentré chez lui, il verra les valeurs républicaines d'égalité et de fraternité prônées par celle-ci bafouées, car ses parents ne pourront lui offrir qu'un bol de soupe et un peu d'amour alors qu'il voit autour de lui que d'autres jouissent de beaucoup plus ? Parce que ces mêmes parents sont trop préoccupés à survivre et ne peuvent lui donner ce dont tout enfant a droit. Des loisirs, des jeux, des rires. Où est l'égalité ? Où est la fraternité ? L'école ne suffit pas à former un citoyen responsable, il faut que les conditions de vie dans lesquelles évolue un enfant, un adolescent soient sereines et décentes.

Vous qui voyez sur le long terme, savez-vous qu'il n'y aura jamais de travailleur heureux, fier de participer à l'essor de son pays tant qu'il y aura des enfants qui penseront que tout cela ne sert à rien. Tant qu'il y aura des enfants qui verront leurs grands-parents survivre péniblement après toute une vie de labeur. Tant qu'il y aura des enfants qui ne pourront pas participer à la vie citoyenne dans des clubs sportifs ou culturels faute de moyens financiers.

Un français sur six vit sous le seuil de pauvreté ce qui veut dire que dans chaque famille ou presque, il y a une personne qui paie péniblement ses factures et se prive de tout. La scission des classes moyenne/pauvre est obsolète. Dans chaque famille, il y a un chômeur, un vieux, un handicapé, un travailleur pauvre salarié ou indépendant, une personne qui a été victime de ce que l'on appelle pudiquement un accident de la vie. La pauvreté s'installe à la table de chacun.

Vous n'obtiendrez une France conquérante que si vous donnez des conditions de vie acceptables aux Français. Les français n'ont plus de motivation, plus d'espoir. Ils sont plus préoccupés par leurs dettes que par l'essor de leur pays. Leur énergie se concentre sur leur survie au lieu de participer à l'effort commun.

Si vous désirez rendre la France digne de son histoire et garder sa place dans le monde, commencez par rendre leur dignité aux Français. Car ce sont bien les Français qui la font vivre.

Valérie Sauvestre, femme, mère, citoyenne