Monsieur le Président de la République Tunisienne,

Contestant la situation de nos mer et plages; Nous, les habitants de la banlieue sud de Tunis, avons décidé de dire « Stop » à la pollution et aux actes  inhumains des intervenants publiques et privés qui ne cessent de faire dégrader la qualité de vie de la région. Pour cela, nous sommes tous mobilisés aujourd'hui.

Rappelons que le 12 Septembre 2021, nous étions des milliers de citoyens à avoir formé une chaîne humaine géante, la plus grande dans l’histoire de la région, sur le long de la côte sud de Tunis abandonnée depuis des dizaines d’années. Cet évènement a fait couler l'encre de la presse nationale et internationale mais aucun des services concernés ne semble nous avoir prêté attention mis à part quelques inquiétudes qu'ont connu, pendant un moment, ces services par peur de se trouver face à une inspection. Grand soulagement pour eux, l'orage est passé et le beau temps est à nouveau installé. Un groupe social créé sous le nom de ‘’Fermer l’ONAS sur la Mer de la Banlieue Sud de Tunis’’ comptant aujourd'hui des milliers d'adhérents citoyens de toute la banlieue et dont l'objectif pour lequel il a été créé a été pris en charge au départ par l’association « Action Citoyenne Ezzahra » et l'association "Promotion de la culture de l'Environnement"; lesquelles associations ont été largement soutenues et épaulées par les maires de la région (Rades, Ezzahra, Hammam Lif et Hammam Chatt)  et aussi  par d'autres associations locales (Biati,  Rotary club, Scoot, Croissant rouge, JCI, A. Promotion Civique, Pour une tunisie Verte, Club de Marche ...)  et groupes sociaux (EZZAHRA , Communauté Ezzahra Radio Rades حمام الشط غدوة خير , Ezzahra Today ...) qui ont dénoncé la pollution du littoral depuis des années et qui n'ont pas cessé de le faire. Ils ont tous levé le slogan « Tous unis pour sauver notre mer et nos plages de la banlieue sud ». On demande aujourd'hui d'une manière ou d'une autre d'arrêter la pollution de notre mer, l'une des plus polluées (preuves à l’appui) en Tunisie pour ne pas dire à la méditerranée.  On ne veut plus, monsieur le Président de la République, qu'on soit considéré comme citoyens de deuxième rang. Pour cela:  

On vous prie, monsieur le Président, d'agir pour arrêter la pollution de notre littoral: Notre banlieue souffre depuis des années, de l'état de son littoral qui a connu une dégradation importante, plutôt catastrophique et qui a mis en péril le seul lieu de divertissement pour certains et le gagne-pain pour d’autres ; une odeur nauséabonde, eau de couleur bizarre, un déséquilibre écologique menaçant la faune et la flore marines et surtout un grand danger pour la santé des citoyens. Des analyses faites par l’Institut Pasteur et le Centre International des Technologies de l'Environnement de Tunis (CITET) ont déjà confirmé la gravité de la qualité de la mer qui nécessite une intervention rapide voire urgente.  

On dénonce ceux qui sont derrière la dégradation du littoral: En effet les raisons de cette pollution et ceux qui sont derrière sont connus :

(1) le rejet irresponsable des eaux non traitées par l’Office National de l'Assainissement (ONAS) dans les oueds. Ses stations de traitement ne fonctionnent pas correctement selon les normes et ne répondent plus aux besoins actuels en matière d’assainissement.

(2) la pollution chimique provoquée par le déversement des déchets toxiques par les entreprises industrielles de la région directement et d’une manière anarchique et illégale dans les Oueds, principalement oued Meliane.

(3) les vidanges et des dégazages des réservoirs des bateaux qui rentrent au port de Radés.

(4) l’installation des digues de façon anarchique et non étudiés empêchant les courants marins de circuler et causant une stagnation des eaux et une accumulation entre les digues et le littoral d’une algue brune (SOUFA) dégageant des odeurs nauséabondes. 

Sont responsables de cette situation catastrophique toutes les autorités en liaison avec ce sujet à savoir l’ONAS, l’Agence Nationale de la Protection de l‘Environnement (ANPE), l’Agence de la Protection et de l’Aménagement du Littoral (APAL), et les ministères chargés de l’agriculture (les oueds et le secteur de la pêche lui revient), de la santé , de l’environnement et aussi de l’industrie. 

On est en colère face au relâchement de ces institutions coupables d’avoir laissé la pollution se propager dans le temps et dans l’espace et de n'avoir rien fait pour l'arrêter.  Apparemment tous les textes juridiques ont été casés dans les tiroirs.

Monsieur le Président, nous comptons sur vous pour que la pollution de la mer et des plages de la banlieue sud prenne fin: Et dans ce cadre, des solutions radicales s’imposent notamment :

(1) l'aménagement en urgence des stations d'épuration des eaux usées de l'ONAS;

(2) L'interdiction à l'ONAS de jeter ses eaux dans les oueds sans traitement préalable;

(3) la construction des émissaires sous-marins à une certaine profondeur et à une certaine distance de la côte;

(4) la démolition des digues;

(5) l’interdiction des rejets directs dans les oueds par les industriels de la région et les inciter à construire leurs propres stations d’assainissement;

(6) Le retrait des autorisations d'exercice délivrés aux industriels en infraction;

(7) l’interdiction des vidanges et les dégazages des bateaux dans la zone du port de Radés;

(8) le respect à la lettre de toute la législation en vigueur et les conventions nationales et internationales signées et l’application stricte de la loi contre tous ceux qui l’enfreignent;

(9) En parallèle on veut savoir pourquoi tous les projets précédemment présentés par les services de l'ONAS en 2017 et dont la fin des travaux était prévu selon eux entre 2019 et 2020, n'ont pas vu le jour? On nous a promis les projets de dépollution de la Méditerranée DEPLOMED, la station qui sera dédiée aux traitements des zones industrielles, l'assainissement des petites municipalités et des quartiers anarchiques, les émissaires... Tant de projets qui sont restés sur les papiers mais sur terrain Rien de concret.

En attendant la résolution de tous ces problèmes, la baignade doit être strictement interdite afin d’éviter d’éventuelles conséquences graves. A long terme l’Etat pourra penser à des projets qui seront plus appropriées et qui prendront en considération les technologies de pointe.  

Sauver Notre littoral est notre engagement  envers les générations futures.

Nous comptons sur vous Monsieur le Président de la République pour prendre les bonnes décisions afin de mettre un terme à cette catastrophe qui ne cesse d'évoluer.