Convergence Malikura : Pour une constitution émanant de notre << DANBÉ >>

Convergence Malikura : Pour une constitution émanant de notre << DANBÉ >>
Pourquoi cette pétition est importante
La présente Pétition visant à soutenir le Manifeste ci-dessous intitulé « CONVERGENCE MALIKURA POUR UNE CONSTITUTION EMANANT DE NOTRE DANBE – anw ka mAli » : a deux (2) motivations essentielles :
1) Attirer l’attention des membres de la Commission de rédaction de la nouvelle Constitution sur le fait que leur mission ne saurait se réduire à une simple réécriture superficielle de l’actuelle Constitution. Les Maliennes et le Maliens attendent d’elle un texte qui nous reflète complètement (Histoire politique, Institutions endogènes, Culture, Valeurs, Langues, etc.).
2) Faire signer par le maximum de citoyen(ne)s d'ici à la fin du mois d'octobre. L'idéal serait de pouvoir disposer d'un maximum de signatures qui ferait effet à la date du 25 octobre, jour où nous prévoyons d'organiser une conférence de presse sur la question de la nouvelle Constitution.
D’où la nécessité de faire circuler le plus largement possible le Manifeste joint et faire signer la pétition par un maximum de citoyen(ne)s
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MANIFESTE "anw ka mAli"
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Notre pays, le Mali, s’est engagé, depuis quelques années, dans un processus de refondation, qui passe par une reconstruction tant de l’État que de la Nation. Le peuple a résumé ce projet par l’idée de « MALIKURA ».
Le « MALIKURA » n’est pas un autre Mali, mais le même Mali appelé à se transformer pour devenir « autre » ; une mue pour faire peau neuve, certes, en harmonie avec ce monde en pleine évolution, mais aussi cet « autre » qui retrouve son âme, ses valeurs, sa splendeur, in fine son « DANBE ».
C’est dans ce cadre qu’est apparue la nécessité de doter le pays d’une « nouvelle Constitution ». Mais l’élaboration d’une nouvelle Constitution ne saurait signifier « Rédiger simplement une autre Constitution ». Elle commande d’imaginer et concevoir une Constitution « autre », qui nous ressemble et nous raconte dans ce que nous sommes à travers notre histoire, notre culture, notre sociologie, nos valeurs.
Pour ce faire, il est crucial de briser les chaînes du mimétisme , de l’imitation stérile et faire l’effort de se reconstruire par nos valeurs qui fleurissent partant de nos racines. Il convient de rappeler qu’une Constitution tient plus à l’esprit de son énoncé qu’à sa lettre. Nous devrons, en conséquence, avoir la sagesse et le courage de nous doter d’une Constitution et de lois qui nous soient propres, et éviter le refuge incongru d’un universalisme débridé qui sous-tend le processus de dépersonnalisation de l’être malien, africain, déraciné.
Il serait absolument contreproductif d’imposer à nos populations, une fois de plus, un modèle d’être, d’auto prise en charge et de gestion des affaires autre que ce qu’elles comprennent et maîtrisent. Égarés, nous resterons de serviles utilisateurs des concepts et doctrines des autres, incapables de concevoir et de bâtir par et pour nous-mêmes.
Donc, l’ingénierie institutionnelle qui doit déboucher sur notre « Constitution nouvelle » pour le « MALIKURA », en respect de notre « DANBE », devra prendre les briques de nos valeurs fondatrices pour rompre avec l’asservissement, en vue de nous reconstruire.
C’est cela qu’attend l’écrasante majorité des Malien(ne)s de tous les horizons, qui a tant souffert et continue de souffrir les méfaits, d’une part, d’architectures institutionnelles et politiques dévoyées, ayant conduit à la destruction de nos valeurs et supports sociologiques, culturels, humains ; d’autre part, d’enjeux géostratégiques et d’agendas géopolitiques
étrangers, qui ont importé dans notre pays des conflits et des antagonismes en totale contradiction avec nos valeurs et notre « DANBE ».
Est-ce fortuit que la création d’un « Sénat », camouflé en soi-disant « conseil national », figure comme un mandat impératif dans les termes de référence de l’élaboration de la nouvelle Constitution, en totale contradiction avec l’essence même de notre société caractérisée par l’acceptation de l’autre dans son « MAAYA » et le « SINANKUNYA »?
Soucieux de ne pas se limiter à l’énoncé de griefs et critiques, il convient de rappeler quelques
notions, repères et valeurs illustratifs de notre « DANBE », en vue de leurs prises en compte
dans le chantier d’élaboration de notre Constitution Nouvelle :
- L’importance de la sémantique, avec l’impérieuse nécessité de remettre en question le lexique institutionnel, prétentieusement considéré comme évident et universel: « République », « Constitution », « Président », « Député », « Maire », …, mais aussi « Démocratie », « Genre », « Laïcité », etc. En lieux et places, il s’impose à l’entendement de nouvelles appellations plus conformes à nos réalités socioculturelles, et plus porteuses de nos valeurs : MAAYA, MALIDENYA, FASO, KAFO, NYEMOGO, BEENKAN, WALANBA, MARA, FANGA, FANGABLON, LASSALTARAY, BONKOÏNI, BORATARAY, HINI, SARIYANUN, FAABANKA, ADLAWAT, ALHAKIM, etc. ;
- L’adoption conséquente d’une nouvelle terminologie institutionnelle adaptée à notre société dans toute sa profondeur ; ceci en vue d’en tirer une nomenclature juridique malienne et africaine ressourcée, qui emprunte à la richesse de nos langues nationales, toutes mises à contribution pour refléter l’identité commune ;
- La réhabilitation de la famille unie comme cellule de base de l’organisation sociale ainsi que celle des autres intermédiaires, telles que le quartier, le village, la fraction, en plus d’autres échelles territoriales et de l’Etat-Nation ;
- L’adoption des terroirs comme bases de la nouvelle architecture territoriale, avec une construction suivant la structure ascendante, conforme à notre être démocratique. Les territoires, réalités linguistiques, psychosociales, identitaires, culturelles, sont les véritables Collectivités territoriales du pays. Exemple : Bwatu, Macina, Songhoï, Mandé, Azawa, Wagadu, Kénédugu, etc. Notre pays est riche de références, d’expériences historiques de gouvernance, basées sur des provinces décentralisées, complémentaires et solidaires. Aussi longtemps que nous reléguerons nos territoires réels, références identitaires prégnantes des citoyens, au profit de territorialités issus des découpages abusifs découlant de la stratégie coloniale, le Mali trouvera difficilement la voie de sa stabilité et de son développement ;
- La fin de l’Etat jacobin, illustré par des processus électoraux discordants, le plus souvent conflictuels ; l’adoption, en lieu et place, de systèmes de représentation des communautés, de la diversité, respectueux de la dignité, de la légitimité, dans le cadre de la redevabilité ;
- La préservation des principes sacrés de l’unité nationale et du panafricanisme ;
- L’adaptation des pouvoirs dits du « dominium » et de l'« imperium », autrement dit de la propriété, dont la terre, et de la puissance publique (pouvoirs politique, judiciaire, militaire) aux réalités des communautés, des terroirs, de la Nation.
Au regard de tout ce qui précède, les Associations, Organisations et Mouvements politiques, culturels, citoyens, signataires du présent Manifeste, entendent :
- Mettre en garde l’ensemble des acteurs quant au risque d’une simple « réécriture » de l’ancienne Constitution en mode révision, au nom d’un certain universalisme, cause par endroit de la désagrégation de la société malienne, qui est héritière pourtant d’une culture millénaire de bonne gouvernance. La reconduction des mêmes travers et l’importation renouvelée de toutes les contradictions du droit étranger, par essence,
conflictuelles, restent préjudiciables à notre « DANBE » ; - Servir, avec fermeté et détermination, la réhabilitation de nos référents, le retour aux fondamentaux, l’action de ressourcement et de veille pour la préservation de notre « DANBE », à cette phase importante de la refondation de l’État qu’est l’élaboration de la nouvelle Constitution ;
- Agir pour rehausser nos langues nationales au premier plan dans l’action des pouvoirs publics, en reconnaissant leur légitimité dans leur espace, et garantissant leur emploi dans le domaine public, institutionnel, officiel.
- Exprimer un soutien de principe et accompagner la Commission chargée de la rédaction de la nouvelle Constitution pour la Malikura.
La Constitution malienne, ressourcée, ne saurait demeurer une pâle copie, un décalque, une retouche plus ou moins heureuse de la Constitution héritée du régime colonial et ses suites, en flagrante contradiction avec nos propres normes de vie. Elle offre la perspective nouvelle d’une nation africaine reconstruite, souveraine, à l’actif des citoyens et citoyennes de type nouveau : « MALIDENW ».
Fait à Bamako le 22 septembre 2022
Liste des signataires initiateurs
· Mohamed COULIBALY
· Wandé DIAKITE
· Dr Hawa DIARRA
· Wandé MAGUIRAGA
· Salia MALLE
· Pr Ibrahima NDIAYE
· Mamadou NDIAYE
· Maye NIARE
· Fodé Moussa SIDIBE
· Daouda TEKETE
· Abdoulaye TRAORE
· Dr Lalla TRAORE
· Seydou Idrissa TRAORE