Appel au boycott universitaire: Stop à la collaboration avec les criminels de guerre !

Appel au boycott universitaire: Stop à la collaboration avec les criminels de guerre !
Why this petition matters

Nous, étudiant.e.s membres du comité BDS de l'Université libre de Bruxelles, ainsi que les signataires soucieux.euses du droit international, exigeons que les autorités de l'ULB mettent immédiatement fin au partenariat avec l'entreprise d'armement française THALES.
En effet, au mois de mai 2018, notre université a signé un nouveau partenariat avec l'entreprise d'armement française THALES pour une durée de trois ans. Le communiqué de presse indique que l’ULB « développera et concrétisera des projets éducatifs, de recherche et de formation en capitalisant sur l’expertise de Thales en matière de cybersécurité. » Sauf que leur technologie militaire échafaude les outils de répression de demain et encadre les guerres actuelles et futures. Nous sommes donc très inquiets par cette expertise en matière de cybersécurité dont se félicite cette entreprise. Pour ne citer qu'un seul type de surveillance dans laquelle Thales est directement impliquée à travers son projet Watchkeeper : les drones Hermes. Thales collabore étroitement sur ses UAV avec l'entreprise d'armement israélienne Elbit Systems ltd qui depuis novembre 2018 vend ses drones dernier cri à l'agence européenne de sécurité maritime. Ainsi les frontières de l'Europe seront bientôt surveillées et « protégées » par ces drones israéliens développés par Elbit Systems et Thales. La première version de ces drones, les Hermes 450, ont été utilisés lors de l'offensive israélienne sur Gaza en 2014 dans un but de faciliter les frappes aériennes qui ont fait plus de 2220 morts dont 550 enfants. Sur les marchés de l'armement, ces vendeurs d'armes n'hésitent d'ailleurs pas, en référence à Gaza, à libeller leurs drones d'un « approuvé au combat » macabre. Autre partenaire privilégiée de Thales : l'entreprise Israel Aerospace Industries (IAI). Il s'agit également d'une entreprise mondialement reconnue comme leader en développement militaire. Ils ont conjointement produit le drone MALE Heron, utilisé en Afghanistan et par différentes patrouilles de frontière. Sur les marchés internationaux, IAI comme Elbit exportent leurs technologies militaires en faisant glorieusement référence aux tests mortels menés à Gaza.
Le fait de voir notre Alma Mater collaborer avec le complexe militaro-industriel nous répugne et nous refusons cette alliance honteuse.
Par ailleurs, nous aimerions attirer votre attention sur les problèmes que posent les partenariats interfacultaires avec des universités israéliennes. Sauf preuve du contraire, toutes les institutions universitaires israéliennes soutiennent l’occupation et la colonisation de la Palestine. Leur soutien peut se traduire premièrement par leur silence sur les crimes commis par les gouvernements successifs israéliens. Non seulement les autorités universitaires restent silencieuses sur les blocages et les destructions des établissements universitaires palestiniens mais en plus elles n'ont pas hésité à témoigner leur soutien aux étudiants réservistes israéliens lors des dernières offensives à Gaza. De même, ni les associations de professeurs ni les syndicats d'étudiants ne dénoncent les atteintes systémiques à la liberté académique de leurs confrères palestiniens dans les territoires occupés. Au contraire, l'Union nationale des étudiants israéliens a mis sur pied une war-room dans le centre interdisciplinaire Herzliya, institution avec laquelle l'ULB collabore. Des centaines d’étudiants s'y portent volontaires pour défendre les politiques israéliennes sur les réseaux sociaux.
Une autre illustration de la complicité des institutions universitaires israéliennes avec le système d'Apartheid israélien est l'exercice d'une discrimination et d'une répression institutionnalisées envers les Palestiniens ou dissidents israéliens. En effet, toutes les universités israéliennes utilisent le service militaire (obligatoire pour les juifs israéliens, interdit aux arabes israéliens) comme outil administratif de discrimination sur leurs campus. Que ce soit pour l'accès à certains cursus ou l'obtention de bourses, les Israéliens d'origine palestinienne ainsi que les objecteurs de conscience n'ont pas les mêmes droits. La sous-représentation des citoyens arabes dans le corps enseignant des établissements d'éducation supérieure témoigne de ce fossé creusé par l'institution universitaire. Au-delà des obstacles administratifs mis en place, tout événement culturel ou politique organisé par des étudiants arabes n'est en général pas toléré. Ainsi la « loi Nakba » interdit la commémoration du jour de la « catastrophe » en référence à la purification ethnique de la Palestine en 1948. Les étudiants qui ne respectent pas cette loi se retrouvent sévèrement sanctionnés et les autorités universitaires n'hésitent pas à faire intervenir la police sur leurs campus pour les réprimer plus durement encore. Récemment, c'est un concert du rappeur arabe Tamer Nafar qui a été annulé par l'union des étudiants du Tel-Hai College à cause du contenu politique de ses chansons. Les universités israéliennes ne sont donc nullement les derniers bastions de dialogue et d'ouverture mais plutôt le bras droit de la censure et de la discrimination. Lorsque quelques rares voix s'élèvent pour afficher une opposition à la politique d'apartheid, ce sont les sanctions et les menaces qui tombent.
Enfin, dans un contexte de militarisation extrême de la société et de l'économie israéliennes, les universités se situent au premier plan de la collaboration avec le complexe militaro-industriel à travers la recherche. L'université de Tel Aviv (TAU), par exemple, avec laquelle Solvay a un partenariat, a conduit conjointement des dizaines de projets avec l’armée israélienne, dont la tristement célèbre doctrine militaire Dahiya, prônant des attaques disproportionnées sur des zones résidentielles en temps de guerre. Cette doctrine fut appliquée au Liban en 2006 ainsi que dans la Bande de Gaza. Dans le même registre, le professeur d’éthique à la TAU Asa Casher, après avoir participé à la rédaction du code éthique de l’armée israélienne, a co-écrit le Code éthique de la lutte anti-terroriste qui justifie notamment le droit de tuer des civils s’il s’agit de protéger la vie des soldats israéliens. Un autre exemple de l’intrication des universités israéliennes et du militaire sont les programmes de « réserve universitaire » à travers lesquels l’armée et les entreprises d’armement financent les étudiants qui en échange doivent prolonger leur service militaire. A l’Université hébraïque de Jérusalem, avec laquelle l’ULB entretient également un partenariat, le programme militaro-académique Talpiot permet aux étudiants d’être logés dans la zone militaire située sur le campus et leur offrent des cours spéciaux. Ces étudiants doivent porter leur uniforme militaire pendant tout le cursus et intègrent par la suite les unités de recherche de l’armée. Les étudiants palestiniens sont bien évidemment exclus de ces programmes.Toutes les universités israéliennes sont impliquées dans la théorisation des stratégies militaire et dans la conception de nouvel armement. Elles épaulent l’Etat israélien dans ses crimes de guerre par le blanchiment et la recherche. Nous demandons à l’ULB de reconsidérer ses partenariats qui rendent notre université complice du crime d’Apartheid.
Nous rappelons, en nous référant aux lignes directrices du PACBI (Palestinian Campaign for Academic & Cultural Boycott of Israel), que l’appel au boycott académique de l’État d’Israël n’entrave d’aucune manière que ce soit la liberté académique. Le mouvement BDS, ainsi que notre Comité, souscrivons à la définition acceptée internationalement de la liberté universitaire telle que adoptée par le Comité des Nations Unies sur les droits économiques, sociaux et culturels : « La liberté universitaire inclut la liberté des individus d’exprimer librement leurs opinions sur l’institution ou le système dans lequel ils travaillent, d’accomplir leurs fonctions sans discrimination ou crainte de répression de la part de l’État ou de tout autre acteur, de participer à des organes professionnels ou de représentation universitaire, et de jouir de tous les droits humains internationalement reconnus applicables à d’autres individus de la même juridiction. La jouissance de la liberté universitaire porte en elle des obligations telles que le devoir de respecter la liberté universitaire des autres, de faire en sorte que des points de vue opposés soient débattus correctement, et de les traiter tous sans discrimination sur l’une des raisons prohibées. ».
La discrimination et la répression sur base de l’origine ethnique et/ou de l’opinion politique au sein des universités israéliennes sont très clairement une atteinte à la liberté académique d’autrui. Notre université ne peut sous aucune forme être l’auxiliaire de la censure et d’une politique raciste. Il est temps de suivre l’exemple des universités Sud-Africaines et de tous ces professeurs à travers le monde qui appellent au boycott des universités israéliennes, participant directement ou indirectement à l’occupation israélienne et la politique d’apartheid de cet Etat. Il est temps de s’engager concrètement contre tous les racismes, de refuser tout amalgame et de répondre à l’appel au boycott universitaire. Il est temps d'arrêter la collaboration avec les criminels de guerre.
Premiers Signataires :
Comité BDS
Cercle des Etudiants Arabo-Européens
Cercle Oxfam
Ecolo J
USE
CGSP Enseignement
Eric David, Prof.émérite de droit international public et Président du Centre de droit international de l’ULB
Hugo Périlleux Sanchez, assistant
Abdessalam Faraj, assistant ULB
Guy Lebeer, Prof. de sociologie ULB
Beatriz Camargo, Collaboratrice scientifique
Perrine Humblet
Corinne Gobin, Maître de recherche du FNRS à l'ULB
Jacques Moriau, sociologue
Nouria Ouali, chargée de cours
Marc Lenaerts
Michel Staszewski, chercheur invité, Faculté des sciences psychologiques et de l’éducation
Xavier May
Charlotte Casier
Christiane Schomblond
Maxime Fontaine