Arrêter un journaliste, c’est tuer la démocratie : libérez Stanis Bujakera Tshiamala !

Arrêter un journaliste, c’est tuer la démocratie : libérez Stanis Bujakera Tshiamala !

Lancée le
14 septembre 2023
Adressée à
Felix Tshisekedi (Président de la République Démocratique du Congo)
Signatures : 3 801Prochain objectif : 5 000
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Pourquoi cette pétition est importante

Lancée par SDJ JEUNE AFRIQUE

Le 8 septembre, le correspondant en RDC de Jeune Afrique, Stanis Bujakera Tshiamala, a été arrêté à l’aéroport de N’Djili, à Kinshasa. La Société des journalistes de Jeune Afrique publie ici l’appel exigeant sa libération, lancé par le collectif « Carte blanche ».

Le 8 septembre, alors qu’il s’apprêtait à embarquer dans un vol pour Lubumbashi, le journaliste Stanis Bujakera Tshiamala a été arrêté à l’aéroport de N’Djili à Kinshasa. Depuis, il est privé de liberté.

Lundi 11 septembre, il a été transféré au parquet général de Kinshasa après avoir été auditionné à trois reprises. Il lui est reproché d’avoir relayé une information du magazine Jeune Afrique concernant l’assassinat du député Cherubin Okende. Depuis quand relayer une information est-il un crime en République démocratique du Congo ?

Car Stanis n’a pas signé l’article incriminé, qui est attribué à Jeune Afrique en tant que publication. N’étant pas le seul journaliste de Jeune Afrique à écrire sur le pays, il ne devrait pas en être automatiquement considéré comme l’auteur. Il n’y a pas lieu de confondre Stanis Bujakera Tshiamala et Jeune Afrique, qui sont juridiquement deux personnes distinctes.

L’arrêter dans ces conditions nous apparaît ainsi comme un abus de pouvoir judiciaire et un harcèlement contre un journaliste indépendant. Pourquoi ne pas l’avoir convoqué ou avoir simplement porté plainte contre lui, en lui laissant l’occasion de s’expliquer ou de se défendre en homme libre ?

Les autorités le soupçonnent aussi d’avoir confectionné une note confidentielle de l’Agence nationale de renseignements sur l’assassinat de Chérubin Okende, que Jeune Afrique assure avoir consultée en exclusivité. Après la publication de l’article, les autorités congolaises ont rapidement contesté l’authenticité de la note.

Il incombe donc à ceux qui contestent cette note de prouver sa fausseté au-delà de tout doute raisonnable, s’ils veulent soutenir l’accusation de propagation de fausses informations à l’encontre de Jeune Afrique.

Il est curieux et inquiétant de poursuivre un journaliste dans ces conditions. Surtout lorsque l’on sait que Stanis Bujakera Tshiamala, comme le rappellent ses avocats, recevait de multiples menaces depuis des mois. Nous nous souvenons tous des menaces qu’il avait reçues et de la plainte déposée contre lui par l’ancien ministre de la Défense parce qu’il avait tweeté des propos du ministre sur l’avancée du M23 dans l’est du pays, alors que ces déclarations figuraient bien dans le compte-rendu officiel du conseil des ministres.

Avec cette arrestation, c’est un autre principe sacré d’un journalisme indépendant qui est en train d’être violemment bousculé. Des instructeurs du dossier tenteraient en effet d’accéder au téléphone de Stanis pour découvrir ses sources. Si c’est le cas, cela constitue une atteinte grave à la protection des sources journalistiques. Rappelons ici que les journalistes ont le droit de protéger leurs sources, ce qui est essentiel pour le journalisme d’investigation, la liberté de la presse et la bonne santé de la démocratie.

Cette arrestation de Stanis met en lumière le péril de la liberté de la presse dans un contexte électoral tendu dans le pays. Accuser un journaliste de propager de faux bruits paraît être un fourre-tout. Et soulève des inquiétudes sur le devoir des journalistes d’informer le public, même si cela implique la publication d’informations sensibles. Et à trois mois des échéances électorales, cette affaire peut être interprétée comme une tentative de réduire au silence les journalistes et de limiter la couverture médiatique indépendante des élections.

Elle apparaît tout aussi comme une volonté de manipuler l’opinion publique. Arrêter le journaliste congolais le plus suivi – plus de 543 000 abonnés sur X (anciennement Twitter) – peut être une stratégie visant à saper la crédibilité des médias indépendants, en particulier ceux qui couvrent des questions sensibles liées à la sécurité et aux élections.

Cela sonne comme un avertissement envers d’autres journalistes qui pourraient envisager de mener des enquêtes approfondies pendant la période électorale. C’est très dangereux pour la démocratie congolaise : ce qui arrive à Stanis peut désormais arriver à tout journaliste qui dérange.

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Signatures : 3 801Prochain objectif : 5 000
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Décisionnaires

  • Felix TshisekediPrésident de la République Démocratique du Congo