Appellons à une extension de l'objet de l'assemblée générale élective du Barreau Cameroun
Appellons à une extension de l'objet de l'assemblée générale élective du Barreau Cameroun
Les élections ordinales sont prévues pour le 18 juin prochain dans un contexte de fragilité du Barreau du Cameroun tant dans ses rapports avec les pouvoirs publics et les autres acteurs judiciaires que dans sa cohésion interne.
La loi organique du Barreau du Cameroun prévoit l'élection d'un Conseil de quinze membres desquels est désigné le Bâtonnier. Ce Conseil est l'organe exécutif de l'Ordre mais ce mode de désignation de ses membres porte potentiellement les germes de contradictions internes et donc d'inefficacité en raison du fait que le Conseil décide à la majorité des membres tous égaux y compris le Bâtonnier perçu comme son "chef". La situation est rendue difficile par le fait que ces membres ont fait campagne au sein d'équipes différentes dans un contexte d'hostilité plus ou moins patent.
Aucune assemblée générale ne s'est tenue depuis plusieurs années pour dresser le bilan, établir de nouveaux objectifs pour affronter un avenir de plus en plus incertain avec une montée inquiétante de la paupérisation au sein de la profession couplée à sa croissance numérique exponentielle et à la concurrence déloyale d'autres professions parfois soutenues par les pouvoirs publics, arrêter de nouvelles stratégies pour atteindre ces objectifs et tout simplement fixer le cap.
Au lieu d'un véritable débat de fond sur l'avenir préoccupant de la profession, les avocats au Barreau du Cameroun assistent à une campagne électorale au cours de laquelle les candidats aux responsabilités ordinales proposent pour la plupart et de façon générale les mêmes, promesses jamais tenues, programmes stériles depuis vingt ans, agapes autour de débats sans profondeurs, accrochages entre équipes de campagne sur les réseaux sociaux qui magnifient le débat autour de personnes.
Sur les réseaux sociaux et dans certains cercles privés, les appels au vote se font sur la base de l'appartenance à une aire géographique, socio-culturelle, linguistique, ethnique ou l'année d'accès au Barreau.
Les avocats, et spécialement les jeunes générations, sont portés par ce tourbillon, les flonflons d'une campagne électorale bling bling et les relents nauséabonds de corruption qui remontent à chaque élection, sans véritablement en juger les conséquences et en cerner les enjeux pour leur avenir individuel et collectif.
Les élections à venir, elles-mêmes, seront une fois de plus organisées de façon archaïque avec un système de procuration qui n'est pas exempt de suspicions de tricherie et de fraude.
Le gros risque si les choses se poursuivent et s'achèvent en l'état est d'aboutir au même immobilisme et au même constat d'échec depuis vingt ans, un déchirement entre les membres du Barreau distendus par une campagne électorale passionnée, un manque de visibilité et l'abandon à lui-même, pendant deux ans jusqu'aux prochaines élections, d'un Conseil tiraillé par ses contradictions internes et limité par l'absence d'une feuille de route dont l'application est soumise à évaluation constante.
Nous, membres de l'assemblée générale du Barreau du Cameroun avons le pouvoir de demander au président de l'assemblée générale d'étendre l'objet de l'assemblée générale élective du 18 juin 2022 afin qu'au cours de la même session mais avant les élections se tienne une assemblée générale qui détermine une feuille de route pour le futur Conseil de l'Ordre. Le pouvoir appartient à l'assemblée générale et c'est à elle qu'il appartient de fixer sa destinée.
Cette feuille de route doit principalement proclamer une rupture significative avec le passé et un renouveau réel porté vers la réappropriation individuelle et collective des valeurs séculaires du Barreau et sa réinstallation au centre du système judiciaire et de la société camerounais comme garant d'une justice saine, de la protection des droits et libertés, de la prospérité et de la justice sociale et économique.
Nous avons le pouvoir de solliciter que les élections se tiennent différemment :
-En scrutin de liste bloquée avec le candidat Bâtonnier à sa tête afin d'assurer une meilleure cohérence du Conseil autour du Bâtonnier. Une liste reflétant la diversité au sein du Barreau et de la société camerounais sans discrimination ni ententes illicites qu'elles soient linguistiques, tribales, régionales ou liées aux promotions.
-La suspension de la campagne électorale en cours qui ne reprendra que quelques heures avant les opérations de vote.
-L'organisation de toute la session jusqu'aux opérations de vote en présentiel et en distanciel avec possibilité de vote dans les deux cas par le même vote électronique et suppression en conséquence des mandats de représentation au vote.
Call for an extension of the purpose of the elective general assembly of the Cameroon Bar Association.
The ordinal elections within the Cameroon Bar Association are scheduled for June 18 in a context of fragility of the Cameroon Bar Association both in its relations with the public authorities and other judicial actors and in its internal cohesion.
The law governing the Cameroon Bar Association provides for the election of a Council of fifteen members from which the President of the Bar is also elected. This Council is the executive body of the Bar but this method of appointing its members potentially carries the seeds of internal contradictions and therefore of inefficiency due to the fact that the Council decides by a majority of all equal members including the President of the Bar perceived as its "leader". The situation is made difficult by the fact that these members have campaigned within different teams in a context of more or less obvious hostility.
No general assembly has been held for several years to, take stock, establish new objectives to face an increasingly uncertain future with a worrying rise in impoverishment within the profession coupled with its exponential numerical growth and unfair competition from other professions sometimes supported by public authorities, examine new strategies to achieve these goals and simply draw up a road map.
Instead of a real substantive debate on the worrying future of the profession, the lawyers at the Cameroon Bar attend an electoral campaign during which the candidates for the Bar Council and its presidency propose for the most part and in a general way the same, sterile programs for twenty years, feasts around debates without depth, clashes between campaign teams on social networks which magnify the debate around people.
On social networks and in certain private circles, calls to vote are made on the basis of belonging to a geographical, socio-cultural, linguistic, ethnic area or the year of access to the Bar.
The lawyers, and especially the younger generations, are carried by this whirlwind, the roar of a bling bling electoral campaign and the nauseating stench of corruption that rises each year, without really judging the consequences and identifying the challenges for their individual and collective future.
The upcoming elections themselves will once again be organized in an archaic fashion with a proxy system that is not free from suspicions of cheating and fraud.
The big risk if things continue and end as they are is to get the same failure and stagnation we have experienced for twenty years, a rift between the members of the Bar separated by a passionate electoral campaign, a lack of visibility and the abandonment to itself, until the following elections, of a Council torn by its internal contradictions and limited by the absence of a roadmap whose application should be subject to constant evaluation.
We, members of the general assembly of the Cameroon Bar Association have the power to ask the president of the general assembly to extend the purpose of the elective general assembly of June 18 2022 so that during the same session but before the elections is held a general assembly which determines a roadmap for the future Council of the Bar.The power belongs to the general assembly and it is up to it to determine its destiny...
This roadmap must mainly proclaim the break with the past and the real renewal focused on an individual and collective reappropriation of the secular values of the Bar and its reinstallation at the center of the judicial system and the whole society as the guarantor of sound justice, respect for human rights and freedoms, and the prosperity and economic justice.
We have the power to request that the elections be held differently:
-In a blocked list ballot with the Bâtonnier candidate at its head to insure better coherence within the Council and around his president. A list reflecting the diversity within the Bar and the Cameroonian society without discrimination or illicit agreements based on languages, tribes, regions and batches within the Bar.
-The suspension of the current electoral campaign which will only resume a few hours before the voting operations.
.- The organization of the entire session up to face-to-face and remote voting operations with the possibility of voting in both cases by the same electronic vote and the consequent abolition of the mandates of representation in the vote.