APPEL À LA MEMOIRE MARTINIQUAISE ET À LA RECONNAISANCE DU DRAPEAU ROUGE – VERT – NOIR 

À l’attention de Monsieur Serge LETCHIMY, Président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de la Martinique

 

Monsieur le Président,

Nous nous adressons à vous en ce moment précis, charnière pour le peuple de Martinique.

Vous vous apprêtez à lancer un concours pour un « emblème régional » (le terme est de vous) avec les mêmes objectifs que votre prédécesseur : doter la Martinique d’un drapeau et d’un hymne pour les manifestations sportives et culturelles.

Si cet intitulé revêt l‘intention d’affirmation de notre peuple, de notre histoire, de notre culture... nous en reconnaissons la noblesse.

Rappelons cependant que de l’histoire de notre terre a déjà émergé un drapeau.

Le drapeau Rouge-Vert-Noir dont Victor LESSORT dit «TOTOR», décédé le 1er juin 2022, fut l’inspirateur, depuis la prison de Fresnes où il était incarcéré avec ses camarades de l’Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste de la Martinique (O.J.A.M.). 

• Rouge pour la révolte contre l’injustice,
• Vert pour le pays, ses arbres et ses champs,
• Noir comme la profondeur du deuil que nous portons pour celles et ceux qui ont lutté pour la liberté.

Ce drapeau est symbole de tolérance, de résistance et de conscience identitaire. 

Oui Monsieur le Président. Nous croyons profondément que la Nation Martiniquaise a déjà son drapeau, ancré dans les consciences et arboré de plus en plus par une large partie du peuple.

Vous ne pouvez pas ignorer que bon nombre de résistants Martiniquais a été enterré, couvert de ce drapeau qui les accompagnait dans ce dernier et solennel moment d’adieu à leur terre matrice, et pour en citer : Jean-Claude LAUREAT, Thierry BELLEMARE, Marcel MANVILLE, Mounia DUHAMEL, Guy CABORT-MASSON, Aimé CÉSAIRE, Gérard CHARLEBOIS (décédé en HAÏTI, inhumé à Sainte-Anne) et cette année, Luc ROTZEN dit «AKA’N» et bien sûr Victor LESSORT dit «TOTOR» 

Retenons qu’un drapeau, quel qu’il soit, symbolise un parcours historique à chaque peuple, et, au-delà de ce parcours historique, un drapeau est en soi un projet.

Et ce drapeau, comme l’affirmaient tous ceux que nous avons cités, nous projetait vers cette souveraineté pleine et entière du peuple Martiniquais.

À l’instar de votre prédécesseur, vous vous apprêtez à procéder à une consultation «démocratique» pour faire choix d’un drapeau et d’un hymne pour «représenter la Martinique lors de manifestations sportives et culturelles».

 Nous vous exprimons notre scepticisme quant à une telle démarche qui induira, une fois encore, confusion, défiance et division... À l’heure-même où le Pays Martinique a plus que jamais besoin d’unité. 

Gardons à l’esprit qu’une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte (Aimé Césaire).

Pour notre part, nous vous suggérons, en votre qualité de Président de l’exécutif, une reconnaissance officielle et légitime du drapeau National Rouge-Vert-Noir. 

Le cas échéant, vous ferez en sorte que, dorénavant, et pourquoi pas dès ce mois d’octobre... que tous les lieux stratégiques de notre territoire portent très haut ces couleurs, de sorte que nous puissions démontrer, avec fierté et dignité, la portée de résistance du peuple Martiniquais.

Reconnaissons et valorisons ce qui nous unit, car «un peuple uni ne sera jamais vaincu» !

Ainsi serait-il pertinent et déterminant que vous dressiez ce drapeau au fronton de la C.T.M., dans les ronds-points qui sont des espaces de la Collectivité, et, par extension, que vous demandiez à l’ensemble des maires de Martinique, de hisser très haut ces couleurs au fronton des mairies, même si elles doivent cohabiter avec d’autres, comme l’avait fait courageusement Garcin MALSA, à l’époque, Maire de la ville de Sainte-Anne.

La seule présence de notre drapeau National serait l’affirmation que nous existons.

Dans l’attente de votre décision, recevez, Monsieur le Président, nos salutations militantes.

Martinique, le 12 octobre 2022

 

��⚫️ Pour un symbole...

Nou wouvè an tras pou chimen linité.

Matinik sé nou tout davwè nou tout ka fè yonn. 

Manmay-la, pou tras-la vini an gran chimen, nou bizwen fos Pèp-la.

Pèp-la, sé zot, sé nou.

Vini jwenn-nou. Sé ansanm nou fo ! ��